• Thème anniversaire pour Olivia (à qui j'en souhaite un bon au passage) et les mots : Jaune, or, joailler, bague, jonc, surprise, farce, dinde, idiote, crétin, crêpage, rêve, sommeil, lit, à placer.

    Dans quelques jours Madame et Monsieur vont fêter leurs noces d'or. Monsieur doit acheter son cadeau pour Madame, il en soupire d'avance et sent poindre un furieux mal de crâne. La conversation qui l'attend lui aspire déjà toute son énergie. Il rêve de se glisser dans son lit, de plonger dans le sommeil, voire même dans un coma profond et de n'en sortir qu'une fois la terrible échéance passée.

    Mais avec détermination, Monsieur se redresse, ancien militaire, fort de nombreuses campagnes victorieuses, il se doit de faire front et de relever vaillamment le défi.

    Il respire un bon coup et se lance à l'assaut.

    "Très chère amie, comme vous le savez dans quelques jours nous allons avoir le bonheur de passer à nouveau devant monsieur le Maire pour renouveler nos vœux de mariage. A cette occasion, je souhaite vous offrir un beau cadeau. Certes une surprise eut été préférable, mais je ne voudrais pas commettre un impair et passer pour un vil crétin en vous offrant un présent indigne de vous. Je me proposais donc de vous offrir un beau jonc…"

    Aussitôt, Madame bien qu'appliquée au crêpage de son chignon, interrompt Monsieur.

    "Soyez précis mon ami voulez-vous ? Vous parlez de l'herbe monocotylédone vivace très commune dans les lieux frais ou marécageux et caractérisée par ses longues tiges sans feuilles ou de la ficelle ou fil plastique enrobé destiné à décorer ou à renforcer une tige de chaussure, un ouvrage de maroquinerie, de sellerie, etc  ?"

    "Et voilà" songe in petto Monsieur "c'est reparti pour un tour de manège. Elle va encore me parler en italique et en majuscule."

    "Non ma tendre amie je vous parle d'une bague en or que vous pourrions aller quérir chez notre joaillier."

    "Ah, bien ! Vous me proposez donc d'aller chez une personne qui crée, fabrique et/ou vend des bijoux en métal précieux ornés le plus souvent de pierreries, acheter un anneau de doigt s'ornant, notamment, d'une pierre fixée dans un chaton et composé de métal d'un jaune brillant, dense, très ductile, inaltérable à l'air et à l'eau et qui a une très grande valeur commerciale. (Élément chimique de symbole Au, de numéro atomique 79, de masse atomique 196,97.). A noter que jaune se dit de la couleur placée dans le spectre de décomposition de la lumière solaire entre le vert et l'orangé. C'est effectivement mon cher époux une aimable et touchante attention. J'aurais été plus réticente concernant l'achat  d'un anneau de métal destiné à être adapté autour d'une dent pour effectuer une prothèse fixe, coiffe ou couronne ou d'un instrument de précision en forme d'anneau pour contrôler le diamètre extérieur d'une pièce cylindrique."

    Monsieur se pince l'arête du nez, respire bien à fond et s'admoneste intérieurement.

    "Ne pas dire, ne pas même penser : Ma chère Cunégonde vous êtes à n'en pas douter une dinde qui est, comme chacun sait, la femelle du dindon ou une femme sotte et prétentieuse !!! Non, non, pas même le politiquement correct pour idiote à savoir, vous êtes dépourvue de bon sens ! Foutredieu, c'est contagieux ! Quelle situation réelle qui a quelque chose de bouffon, enfin je voulais dire quelle farce. Mais aussi comment aurais-je pu savoir il y a cinquante ans que j'allais épouser une future immortelle chargée de réviser le dictionnaire ?!?"

    Monsieur secoue la tête et enlace tendrement sa vieille épouse. Il lui murmure doucement à l'oreille "Je vous aime".

    Et en bon stratège, il pose vite, vite, un doigt péremptoire sur la bouche chérie pour l'empêcher de répondre, on n'est jamais trop prudent et parfois le silence est vraiment quelque chose qui a un mérite exceptionnel, un grand prix, une grande valeur comme leur mariage.

     

    Merci à Monsieur Larousse pour son aimable participation à mon petit délire

     

    http://geektionnerd.net

     


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  • Pour la communauté : « Les Croqueurs de Mots » Lenaïg Boudig à la barre du 15 au 28 septembre 2014, avec le thème Evasion. J'ai ressorti de mes cartons ce texte écrit en juillet 2009.

    He, ho !

    Eh, oh !!!

    Je suis là !

    Quelqu'un m'entend-il ?

    Mais c'est pas vrai, je vais resté enfermé encore combien de temps là-dedans ?

    J'entends du monde pourtant.

    Et ça parle et ça parle !

    Personne ne m'entend ?

    Non rien à faire. J'ai beau brailler, pas un qui m'entende.

    En réalité, ils n'écoutent pas c'est ça le problème.

    Pourtant, flûte, certains ont eu de la chance.

    On les a entendus, écoutés.

    Je le sais, ils ont poussé des cris de joie une fois délivrés.

    Et moi, et moi, c'est pour quand ?

    J'en ai assez, mais j'en ai assez d'attendre encore et encore !

    D'ailleurs, ça fait combien de temps que je poireaute comme ça ?

    J'en ai marre d'être coincé ici, pas moyen de bouger, rien à voir !!!

    Marre, marre, MARRE.

    Mais vous allez vous les déboucher les oreilles, oui, vous allez m'entendre à la fin ?!

    Bon, je vais arrêter de m'égosiller et dormir un peu.

    Tiens, que se passe-t-il ?

    Mais oui, j'ai bien senti !

    Quelqu'un vient de toucher ma prison.

    Bizarre, direz-vous comment peut-il savoir qu'on touche sa prison ?

    Il faut dire que ça fait tellement longtemps que je suis là que je fais corps avec elle maintenant, mais là n'est pas le propos, je vous dis qu'il y a quelqu'un qui m'observe !

    Oui, oui, YES, enfin cette fois-ci c'est pour moi, il semblerait que je vais enfin pouvoir sortir, mais il y a encore bien du chemin d'ici là.

    Balancement, ça y est on nous soulève ma prison et moi, enfin, enfin !

    Je sens à nouveau les regards qui fouillent, les mains qui palpent, caressent.

    Les choses sérieuses vont enfin commencer.

    Les coups commencent à pleuvoir et c'est bon.

    Non attention, ne va pas par là !

    Voilà, c'est mieux.

    Maintenant ce serait bien de dégager également ce morceau là !

    Bien, doucement, doucement, là ça devient délicat.

    Je suis quand même fragile, il ne faut pas faire n'importe quoi.

    Tu sembles satisfait de toi, ah là là, que les humains sont présomptueux, enfin, l'important c'est que j'ai enfin été entendu et tu sembles bien comprendre ce que je veux. Oui, va te reposer ce serait bête de tout gâcher maintenant.

    Aller encore un petit effort, il faut encore polir un peu ici, élaguer par là !

    C'est bien ma prison est presque entièrement démolie.

    Je te sens de plus en plus content de toi, tu m'amuses.

    Et voilà, crac, le dernier morceau part, je suis enfin sorti de ma gangue, révélé au monde grâce à tes mains et à ton oreille invisible, celle qui a entendu ma voix, celle qui a su transmettre mes instructions à tes doigts et à tes outils.

    Comment, que marmonnes-tu ?

    "Quel nom vais-je donner à ma statue ?"

    Celui que tu veux mon ami, mon libérateur, si je t'ai aidé à me mettre au monde, ce choix là ne dépend que de toi. Comme tout créateur tu m'as amené à l'air libre, mais tu sais cela faisait déjà longtemps, très longtemps que je vivais au coeur de ce bloc de marbre, j'attendais simplement celui qui saurait entendre mon murmure, celui qui saurait me donner vie. Je t'en remercie comme tous mes frères et soeurs ont remercié tes pareils au fil des siècles.


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  • Asphodèle reprend ses "consultations" pour ses plumes.Et pour la reprise elle nous a gâtés. Avec deux listes :

    LISTE OFFICIELLE  suivie de mes trois mots en M :  regrets, engranger, boue, repos, découverte, hélianthe, regain,  bond, imprévus, recherche, espièglerie, confiture, allégresse, jubilation, noctambule, brume, respirer, dépaysement, magnifique,  bleu, marais, maudit, myriade.

    LISTE FACULTATIVE (14 mots) : vous pouvez, soit tous les utiliser, ou piocher dedans au gré de votre humeur :  Rien, sourire, montagne, déménagement, soleil, question, sagesse, océan, ivresse, tempête, lune, rêve, emménager, mer.

    Aucun mot n'ayant particulièrement accroché mon imagination, j'ai tout bonnement pris la liste dans l'ordre, ajouté la liste facultative et laissé mes doigts se débrouiller avec le clavier. Voilà le résultat.

    Allons, pas de regrets ! Jamais, c'est une question de sagesse.

    Pourquoi engranger dans son cœur la boue des mauvais jours. Laisser l'esprit au repos. Se laisser aller à l'ivresse de la découverte.

    Comme l'hélianthe qui se tourne sans repos vers le soleil jusqu'au jour où la faux met fin à son existence, vivre sa vie avec un regain d'énergie, de bonds en rebonds, d'imprévus en recherche de soi ou de l'autre.

    Etre plein d'espièglerie comme l'enfant pris le doigt dans le pot de configure, laisser un sourire d'allégresse vous soulever avec jubilation au-dessus des montagnes, loin des tempêtes qui brisent les rêves.

    Etre le noctambule errant avec délice dans la brume, respirer à plein poumons l'océan et la lune.

    Préférer le dépaysement magnifique d'un déménagement aux confins d'une mer bleue ouverte sur l'horizon, que l'emménagement auprès d'un marais maudit qui s'ouvre sur un rien sidéral.

    Etre simplement confiant devant la myriade de chemins qui s'ouvrent à soi, le pied de lui-même choisira la bonne voie et s'il ne le fait pas, se rappeler qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets et sans un regard en arrière, admirer le monde et peut-être simplement s'aimer.

    Asphodèle le retour


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  • Asphodèle et ses Plumes nous proposent le thème Eternité pour ce dernier exercice avant les vacances, les mots à placer sont les suivants : Vacances - scolastique – immortalité – seconde – mémoire – longueur – ange – douleur - oubli – repos – cercle – passion – péché - chemin – vampire – jour – cathédrale – lassitude – liane - lucarne.

     

     

    Les 24 heures du Mans vont démarrer dans une seconde. Dans l’église de la Visitation, la sainte patronne du lieu et de la ville retrousse ses manches. Ce jour n’est pas le plus propice pour prendre du repos. L’immortalité n’est pas synonyme de vacances et lorsque les humains remplis de passion s’agitent dans tous les sens, c’est la frénésie chez les anges gardiens.

    « Scholastique** ma chère sœur, vous voilà à nouveau sur le pied de guerre. N’éprouvez-vous aucune lassitude à toujours veiller ainsi sur les hommes ? »

    « Benoît, cher frère, vous vous moquez de moi, je sais que cela vous serait grande douleur si je laissais nos enfants turbulents se meurtrir dans ces étranges chars bruyants ! »

    « Cela se nomme automobile, chère sœur. »

    « Chars ou automobiles, ces engins sont dangereux et nos enfants bien imprudents. »

    « Je n’en disconviens pas, mais il en a toujours été ainsi, aussi loin que ma mémoire remonte. De plus reconnaissez qu’ils ne sont guère reconnaissants de vos efforts  »

    « Certes, l’oubli est tombé depuis longtemps sur le chemin qui mène à notre église ou à la cathédrale, mais ce serait péché de ma part que de ne pas veiller quand même sur eux. »

    « Je reconnais bien là votre grand cœur, ma chère sœur. »

    « Et ainsi que l’a dit je ne sais plus quel poète, patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ! »

    « Je vais donc vous laisser à vos occupations et rejoindre le prêtre de notre église pour regarder tranquillement le déroulement de cette étrange course en cercle dans sa lucarne magique »

    « On dit télévision, cher frère. »

    « Si vous voulez, chère sœur. Avez-vous remarqué qu’il y a une nouvelle équipe cette année ? »

    « Franchement, cher frère, j’ai un peu de mal à comprendre tout ce folklore humain et les armures et les heaumes de tout ce petit monde se ressemblent beaucoup pour moi. »

    « Il s’agit de combinaisons et de casques. »

    « Il y aurait donc un nouveau casque comme vous dites ? »

    « Oui, celui avec un symbole d’éternité qui s’enroule comme une liane. »

    « Ah, oui ! Effectivement, vous parlez de l’équipe qui chevauche l’automobile noire et rouge. »

    « On conduit, on ne chevauche pas ma chère sœur ! »

    « Veuillez me pardonner, j’ai encore un peu de mal avec tous ces mots nouveaux. En fait, la protection de cette équipe n’entre pas dans mes attributions. »

    « Mais pourquoi donc ? Serait-elle indestructible ? »

    « Presque, mon cher frère, presque. Ces êtres sortent un peu de l’habitude, ils se nomment vampires et sont pris en main par ce que nous pourrions désigner comme le camp d’en face. »

    « Le camp d’en face ? »

    « Oui, ce sont les poulains de Lucifer »

    « Les poulains ? Ils ne ressemblent guère à des chevaux. »

    Scolastique soupire, décidément Benoît et elle ont encore des progrès à faire en matière de vocabulaire !

    ** Je me permets de préciser que Scolastique est également le prénom de plusieurs saintes. L’une est donc la sœur jumelle de Saint Benoît (une affaire de famille la sainteté semble-t-il) et elle est la patronne du Mans, une autre était l’heureuse épouse de Saint Injurieux (ça ne s’invente pas !). Ce prénom signifie « Ecolière de Dieu ». Et hop voilà le mot barbare de Patchcath légèrement détourné.

     

     


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  • Pour la Communauté des Croqueurs de MotsM'amzelle Jeanne propose un thème pas évident à traiter :

    Par magie, ou en réalité vous avez connu, aimé. Vous avez été le partenaire, le modèle. Vécu dans l’univers d’un homme (ou d’une femme) connu. Du siècle dernier ou de celui d’avant. Il ou elle était, poète, philosophe, écrivain, cinéaste, acteur, peintre, politicien. Vous, vous étiez, sa muse, sa femme, son ami, son médecin, son mécène. Nous serions curieux de connaître les sentiments qui vous unissaient : Amitié, amour, jalousie ou rancoeur ?

    Charles, tu n’es qu’un menteur !

    Que me veux-tu encore François ?

    Tu m’avais promis !

    Promis quoi ?

    De donner mon nom à ton livre !

    Et en quel honneur ?

    C’est quand même moi qui ai récolté ces histoires un peu partout et qui te les ai proposées.

    Impossible !

    Comment ça impossible ?

    Tu n’es qu’un rêve, non en réalité un cauchemar ! Et un cauchemar ne donne pas d’idées.

    Comment oses-tu me traiter de cauchemar ?

    C’est ce que tu es, tu n’arrêtes pas de t’introduire dans ma tête pour me raconter des histoires horrifiantes.

    Ingrat, ces histoires horrifiantes comme tu dis vont t’assurer le succès, maintenant et dans les siècles à venir !

    En attendant elles m’empêchent de dormir et les écrire est le seul moyen que j’ai trouvé de me les sortir de la tête !

    C’est bien ce que je dis, MES histoires, MON livre, donc tu aurais du donner mon nom à notre livre.

    Non franchement, François, tu penses vraiment que ces contes morbides vont avoir du succès dans les siècles à venir, c’est toi qui rêves !

    Non, je ne rêve pas, j’ai le pouvoir de voyager dans le temps et je sais qu’au XXème siècle, d’éminents spécialistes du comportement vont se pencher sur ces récits.

    Et que vont-ils en tirer dis-moi ? En quoi toutes ces monstruosités d’inceste, de meurtres, d’abandon, de sacrifices ou de mort, vont-elles pouvoir les intéresser ?

    Comment veux-tu que je le sache ? En tout cas, c’est un fait avéré, non seulement ça va leur plaire, mais ça va aussi plaire aux enfants.

    Aux enfants ? Mon Dieu ce n’est pas possible !

    Et si ! Je peux aussi te dire que Wilhelm, Jacob, Hans-Christian ne seront pas en reste.

    Qui sont-ils ?

    Des écrivains à naître à qui je dicterai de belles idées lorsque tu ne seras plus !

    Tu m’enterres déjà ? Mais quel frère es-tu donc ?

    Un frère déjà mort et enterré depuis bien longtemps, je me distrais donc comme je peux !

    François, tu es un monstre !

    Peut-être, mais tant pis. Après tout je suis une part de toi, non ?

    Pas la meilleure je te l’assure !

    Tant pis, je m’en accommoderai.

    Qu’il en soit ainsi ! Mais ce recueil s’intitulera, que tu le veuilles ou non « Les Contes de ma mère l’Oye » et pas « Les contes de mon frère François ».

    C’est bien ce que je disais tu es ingrat et méchant.

    Cela suffit, François, sors de ma tête et laisse moi dormir en paix rien qu’une nuit !

    Vous aurez deviné que l’un des protagonistes de ma petite histoire est Charles Perrault. François était son frère jumeau, décédé à l’âge de 6 mois.

     

    Querelle

     

     


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