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    Asphodèle nous demande à  partir du mot sagesse, de nous amuser avec : Fesse, attendre, richesse, dent, refuser, doute, vieillesse, circonspection, vertu, crépuscule, lune, philosophie, âge, vanité, sérénité, psalmiste (celui qui écrit des psaumes) , paix, graver, gracile, grenadine, image, réflexion

    "Vous êtes un quoi ?"

    "Un psalmiste"

    "C'est quoi ce métier bizarre, vous faîtes pousser des palmiers ? Vous vendez des palmes, ce serait bien ça d'ailleurs, parce que vous voyez à la piscine les miennes ne sont pas assez…"

    Un rien énervé par ce déluge de mots qui le fait grincer des dents, le psalmiste interrompt brutalement son interlocutrice volubile.

    "Non ! Ma vocation est autrement plus élevée !"

    "Ah, ça a un rapport avec l'alpinisme ?" interroge la -physiquement gracile mais peu fine intellectuellement parlant- donzelle qui sirote son verre de grenadine tout en se dandinant d'une fesse sur l'autre à la table près de celle de notre adepte de la philosophie élevée.

    Le malheureux soupire, pourquoi est-il venu attendre l'inspiration à la terrasse de ce petit café ? Son enseigne peut-être ! Comment aurait-il pu refuser d'y voir un signe ? "Café de la lune et du soleil", c'était charmant, cela dégageait une impression de sérénité et de paix.

    Certes, certes, mais il avait vraiment fait preuve de peu de circonspection et s'installant à côté de cette jeune personne qui semblait sage comme une image. Grave erreur, depuis tout à l'heure elle le saoule de questions.

    La patience étant une vertu, il s'échine à conserver son calme et, vanité des vanités, il essaye de graver dans l'adorable tête de linotte qui lui fait face quelques réflexions qui lui permettront peut-être d'acquérir un peu de richesse spirituelle.

    Hélas, il doute de plus en plus de cette probabilité. Il sera sûrement au crépuscule de son âge, voire même mort de vieillesse, lorsque la charmante aura un peu de plomb dans la cervelle.

    Il re-soupire, que va-t-il répondre ? S'il explique qu'il lit des psaumes, elle va lui demander de lui déchiffrer l'avenir dans les lignes de la main, s'il dit qu'il les écrits là c'est sûr elle va vouloir qu'il lui fasse un tatouage au henné dans la psaume.

    Tant pis pour la probité intellectuelle.

    Il adresse un sourire un peu figé à la demoiselle et tente de mentir avec aplomb.

    "Absolument ! Vous êtes futée. J'escalade les montagnes à mains nues".

    AIE, grossière erreur ! Tel un bambin de quatre ans, la délicieuse attaque avec gourmandise la litanie des pourquoi et des comment !

    Bref, notre psalmiste goûte pleinement la sagesse du Psaume 30 "Pour la patience et l'acceptation de la volonté divine, pour comprendre que le temps apporte de ce dont nous avons besoin si cela est approprié pour nous" et se jure, mais un peu tard qu'on ne l'y reprendra plus !

    La belle et le philosophe

     


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  • Les mots d'Asphodèle pour cette semaine : Mardi, nuage, mari, enfer, empyrée, céleste, horizon, lit, paradis, tempête, embellie, azur, atmosphère, étoile, tonnerre, mystérieux, septième, coin, vague, festoyer, feuillée, fable.

    Idylle à la bibliothèque

    C'est aujourd'hui mardi, jour d'ouverture de la bibliothèque un peu pompeusement baptisée "l'Empyrée" par un conseil municipal qui devait avoir un peu trop festoyé et manifestement un peu trop bu ce jour-là. Ceci dit se promener sous la feuillée des arbres que sont les rayonnages peut être, pour l'amateur de lecture, un grand moment d'embellie après n'importe quelle tempête.

    Voilà donc un lecteur assidu qui se profile à l'horizon. Il se hâte, ses livres sous le bras. C'est toujours pour lui un grand bonheur que d'aller passer un petit moment avec la délicieuse bibliothécaire, Mademoiselle Céleste. Elle est très douée pour le conseiller. C'est donc sur un petit nuage que notre charmant jeune homme entre dans la bibliothèque. Il s'imprègne un moment de la douce atmosphère du lieu, renforcée par la délicate couleur azur des murs. Puis avec un petit soupir de satisfaction, il se dirige vers celle qui est l'étoile de ce petit coin de paradis.

    "Bonjour Monsieur Dabiel, comment allez-vous ?"

    "Comme toujours chère demoiselle, chaudement."

    Mademoiselle Céleste a un petit rire perlé et cristallin qui ravit sont interlocuteur, s'il pouvait il en rougirait plus encore. Il lui tend ensuite les livres qu'il a dévorés en peu de temps. Il doit s'avouer que, parfois, il a tendance à lire en diagonale pour venir plus vite se réapprovisionner.

     "Que me conseillez-vous aujourd'hui ?"

     Mademoiselle Céleste, taquine, lui propose quelques titres de thrillers.

     "Que diriez-vous de quelques histoires bien mystérieuses et sanglantes ? Avec quelques tueurs en série ? Par exemple "la septième victime", "le mari cannibale" ou "comme on fait son lit on meurt" ?"

     Monsieur Dabiel sourit à la belle.

     "Voulez-vous bien arrêter de me faire marcher ? Vous savez bien qu'avec mon travail il me faut des lectures légères qui dégagent mon horizon des horreurs de tous les jours".

     "Pardonnez-moi, mais j'aime tellement vous taquiner. Ne vous en faites pas, je vous ai bien sûr mis de côté quelques jolies fables sentimentales. Tenez voilà "Tonnerre de l'amour" et aussi le très charmant "Vagues déferlantes de la passion". Je suis sûre que vous allez les dévorer à belles dents."

    Monsieur Dabiel sourit béatement à la belle, cherche un moyen de rester encore un peu. Comme il aimerait l'inviter à faire une promenade avec lui, mais hélas une relation entre eux semble bien compromise en dehors du petit ilot tranquille de la bibliothèque. Il soupire, salue poliment la charmante et s'en retourne à l'enfer de son travail, ce n'est pas rien de torturer les damnés.

    De son côté l'angélique Céleste regarde la queue pointue et les si distinguées cornes de Monsieur Dabiel se perdre dans la fumée qui monte des profondeurs. Le regard flou, elle espère qu'un jour le mariage pour tous arrivera dans leur monde de ciel et de feu.

     

    En passant par la bibliothèque

     

     


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    Pour les mots et les histoires d’Olivia, voilà une histoire sans queue ni tête.

    Soit vous prenez tous les mots, à savoir

    Tourbillon – baïne – valse – dégringoler – étage – vertige – enivrer – alcool – poème – rime – raison

    Soit vous en sélectionnez au minimum cinq et vous ajoutez la consigne suivante : il doit y figurer une conversation téléphonique. Tant qu’à faire j’ai opté pour les deux solutions

     

    J'étais tranquillement en train de faire mes mots croisés et je butais sur une définition bizarre "Bassin apparemment inoffensif à noyade éventuelle" lorsque le téléphone sonna. Tant mieux, un peu de diversion me permettrait peut-être d'arrêter de me torturer les méninges. Je décrochai donc.

    "Bonjour !"

    "Bonjour !"

    Ah ! Qui pouvait bien être à l'autre bout du fil, je ne reconnaissais pas la voix, en même temps, avec un seul mot, ce n'était pas du gagnant-gagnant.

    "Bonjour, qui est à l'appareil ?"

    "C'est moi !"

    Et zut, j'étais tombée sur celui-qui-ne-doute-pas-un-seul-instant-d'être-reconnu-rien-qu'à-sa-voix-suave.

    "Mais encore ?"

    "Moi !"

    Bon, je n'étais pas arrivée là, comme dirait l'autre : Laisse aller c'est une valse.

    "…"

    "Mais enfin, emportés par le grand tourbillon de la vie, nous avons dansé sur la valse à mille temps !"

    Un dingue, voilà c'était un dingue. Bon après tout, autant s'amuser un peu.

    "La valse à mille temps ? Pas plutôt la valse brune ?"

    "Ah ? Vous êtes sûre ? Il faut dire qu'à ce moment là, entre vos bras c'était vertige de l'amour !"

    Gloups, que répondre à ça, je n'allais pas appeler Alfred à l'aide et déclamer "Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices - Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices." Je répliquai donc platement :

    "Vertige ou ivresse ?"

    "Ivresse, oui j'étais perdu dans le vert absinthe de vos yeux ! Ah comme l'alcool de vos prunelles est puissant"

    Ouille, ce type était un vrai poème sur patte ! Ne m'appelant pas Marie-Christine et n'ayant d'ailleurs pas les yeux verts, je n'allais pas non plus paraphraser Claude et lui susurrer "Tu es sous mon balcon".

    "Certes mon cher, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !"

    "Je reconnais bien là votre grand bon sens, un verre ça va, deux verres bonjour les dégâts !"

    Avait-il l'eau et le gaz à tous les étages mon bizarre interlocuteur ? Il fallait remonter un peu le niveau, je frappai donc un grand coup.

    "J'appelle raisonnable celui qui accorde sa raison particulière avec la raison universelle, de manière à n'être jamais trop surpris de ce qui arrive et à s'y accommoder tant bien que mal." Et vlan, merci Anatole, même si je ne comprends pas vraiment ce que ça veut dire.

    "Absolument et de plus comme le dit si bien Rivarol : Ce qu'une femme appelle avoir raison, c'est n'avoir pas tous les torts".

    Damned, refaite, il avait de la répartie le bougre ! Il allait falloir que je me cramponne ferme si je ne voulais pas dégringoler de ma position !

    "Bien dit, je dirai même plus, eût-il tort, le maître a toujours raison". Ca c'est Plaute qui l'a dit, comment je le sais ? Aucune idée, probablement entendu dans un jeu télévisé.

    "Et ron et ron petit patapon !". Bon alors là pas de doute, pas l'eau, pas le gaz et pas l'électricité non plus.

    "Tout à fait, d'ailleurs je suis sûre que vous partagez mon avis : Un chat ne voit pas quelle raison il aurait d'obéir à un autre animal, fût-il sur deux pattes". Ca c'est piqué à S. Thomson et pris dans mon petit livre "citations sur nos pattes de velours". Ah, ah, alors il allait me répondre quoi l’allumé ? Pas facile à contrer l'argument félin !

    "Je crois ma très chère amie que notre conversation n'a plus ni rime, ni raison. Bah, il est temps de nous quitter".

    Et vlan, voilà que ce malappris me raccroche au nez !!!

    Un brin interloquée, je reprends machinalement son onomatopée, bah, bah, ça me dit quoi ce bah ? Bon dieu, mais c'est bien sûr ! J'attrape vivement mon crayon et ma grille de mots croisés et j'écris triomphalement "Baïne" !

     


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    Renaissance

     

    La collecte des mots pour Asphodèle était la suivante :

    Changement, incrédulité ou incrédule (au choix), papillon, régénérer, chenille, évolution, climat, déguiser, magie, transformation, grossesse, adolescence, éclosion, cafard, majestueux, amour, éphémère, éperdu, envol, travesti 

    Cela faisait déjà plusieurs centaines d'années que l'homme, éternel adolescent, jouait trop avec la santé de Mère Gaïa. Incrédule et éperdue, elle l'avait regardé la déguiser, lui imposer transformation après transformation, saccager la magie des climats qu'elle avait pris tant de peine à mettre en place. Bref, La Terre, excédée par les multiples et désastreuses expériences de cet apprenti sorcier, avait décidé de balayer une bonne fois pour toute la pourriture dans laquelle il se plaisait à évoluer.

    L'heure du changement avait sonnée. Il était grand temps pour elle de relancer le grand jeu de l'évolution. Oui, le moment était venu de se régénérer. Travestie, pour ne pas attirer l'attention du sale môme, elle tint sa grossesse secrète, il n'aurait pas fallu qu'il se méfie et vienne empêcher l'éclosion de l'espèce nouvelle qui, Gaïa l'espérait bien saurait la respecter. En son sein, dans les profondeurs de la terre la métamorphose s'était enclenchée. Telle la lourde chenille qui, un jour, se transformerait en un aérien papillon, la race nouvelle se préparait à déferler. Elle serait majestueuse, ainsi en avait décidé Gaïa, pleine d'amour pour son nouvel enfant qu'elle espérait moins éphémère que le précédent mais surtout plus respectueux de sa mère.

    Et un beau jour, Gaïa s'ouvrit. De ces entrailles, les nouveaux-nés prirent leur envol. Les cafards, géants de plusieurs mètres, gavés d'atomes nucléaires, d'hydrocarbures, de pesticides, déferlèrent parmi les insectes à deux pattes qui grattaient la terre au sang. Enfants aimants, ils firent ce qui devait être fait pour que la paix revienne et que la nature reprenne ses droits. Gaïa était satisfaite, d'autant qu'elle pensait n'avoir pas fait d'erreur cette fois-ci, pas de pouce opposable, ce fichu pouce qui fut à l'origine de l'émergence de l'enfant ingrat dont elle venait, à regret, de se séparer définitivement.

     

    Renaissance

    Je sais, je sais, j'exagère la capacité de nuisance de l'être humain, encore que !

     

     


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  • Repas de familleVoilà les mots et le défi complémentaire proposés par Olivia pour cette quinzaine.

    Soutien – famille – convivial – repas – réunion – confrérie – confrontation – humilité – orgueil – arrogance – mépriser – morgue – autopsie.

    Soit vous prenez tous les mots, soit vous n’en sélectionnez que cinq et vous ajoutez la consigne suivante : un des personnages doit dire "je n’aime pas la tiédeur des sentiments".

     

    Monsieur Père frappe du poing sur la table et, rouge de fureur, hurle :

    "Silence ! Pourrais-je pour une fois voir ma famille assemblée sans chichis autour d'un bon repas ! Pourrais-je pour une fois profiter d'un moment convivial, d'une réunion sans confrontation ? Est-ce trop demander ? J'attends votre réponse !"

    Madame Mère opine avec force, son mari peut être sûr de son soutien inconditionnel, un jour ou l'autre il faudra bien que tous les membres de la famille finissent par s'entendre. Ce n'est pas de leur faute à eux si leurs deux filles ont été dégoter leurs conjoints dans des confréries où l'orgueil et l'esprit de caste sont cultivés avec un soin maniaque, voire même comme un art majeur.

    Monsieur Gendre Un, souhaitant éviter d'envenimer les choses, tente de faire preuve d'un minimum d'humilité, mission quasiment impossible pour ce charmant personnage passé maître dans l'art difficile de conjuguer l'arrogance à tous les temps de l'indicatif, du subjonctif, du conditionnel, de l'impératif et même à ceux pas encore inventés.

    "Vous savez bien cher Père que nous vous sommes toujours reconnaissants pour vos aimables invitations, mais, hélas de même que je n’aime pas la tiédeur des sentiments, j'ai un peu de mal lorsque la viande que l'on me sert est froide, n'y voyez pas un reproche, tout au plus une simple mise au point."

    Monsieur Gendre deux, bien que méprisant cordialement sa belle-famille, essaye lui aussi de calmer le jeu, il ne faudrait pas que son vieux crouton de beau-père fasse une attaque, il est quand même le bienvenu, enfin plutôt sa bourse, lorsque les fins de mois sont difficiles, sa bien aimée épouse étant un vrai panier percé.

    "Cher Père, sans vouloir vous blesser, j'avoue que pour une fois je suis assez d'accord avec mon estimé beau-frère, le potage froid n'est pas non plus trop à mon goût, vous m'en voyez désolé mais j'ai beaucoup de mal à le digérer lorsqu'il n'est pas un tantinet tiède".

    Fulminant, Monsieur Père, reprend la parole.

    "Puisqu'il en est ainsi et comme, manifestement, vous êtes incapables d'apprécier les bons produits, c'est bien la dernière fois que je vous invite dans ma morgue pour partager les restes gouleyants d'une autopsie. Franchement mes filles, il n'y avait pas assez d'ogres sémillants dans votre entourage ? Non, il vous a fallu choisir un loup-garou et un vampire trop délicats pour savourer une bonne viande froide, quel gâchis, mais quel gâchis !"

    Et Monsieur Père, bien marri, remballe soigneusement son cadavre (enfin celui qu'il a disséqué avec amour) et le remet au congélateur pour un futur en-cas entre gens de bonne compagnie.

    Repas de famille

     Image tirée de la BD "Les Crannibales"


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