• Avec un ou deux N, voilà le nouveau prénom de Jill Bill pour sa Cour de Récré

    Aujourd'hui rentrée scolaire à Bigorbourg.

    Mademoiselle Agathe, Liroli, Aubain et Philibert, entre autres, accueillent un nouvel élève.

    C'est un petit garçon tout brun aux yeux noirs.

    Il paraît bien timide, mais quoi de plus naturel un premier jour d'école. Il reste prudemment à côté de sa nouvelle institutrice

    Mademoiselle Agathe sourit, elle prépare une petite surprise à ses élèves.

    "Bonjour les enfants. Alors les vacances ont été bonnes ? Prêts à apprendre de nouvelles choses ?"

    Un OUI enthousiaste répond aux deux questions (eh oui, à Bigorbourg, les élèves sont heureux de rentrer en classe, mais Mademoiselle Agathe y est sûrement pour beaucoup), suivi d'un grand BONJOUR MADEMOISELLE (je sais, je sais, dire bonjour et Mademoiselle en prime ça ne s'entend peut-être plus beaucoup, mais je suis un peu à cheval sur le protocole dans mon petit bourg).

    Mademoiselle Agathe reprend "J'ai le plaisir de vous présenter un nouvel élève"

    Des frimousses pleines de curiosité se tournent vers le nouvel arrivant.

    "Peux-tu nous dire ton nom s'il-te-plait ? Et l'écrire au tableau" ajoute-t-elle avec malice.

    "Είμαι ο Γιάννης, γειά σου" murmure le petit bonhomme (autrement dit en phonétique Imai o Iannis. Ya sou. Merci à Liza pour son expertise) et traçant des lettres très bizarres : Γιάννης,

    Tout le monde se tourne vers Liroli, après tout Mademoiselle Agathe leur a fait un peu le même coup lorsqu'elle est arrivée à l'école, pour les élèves elle est donc la polyglotte du groupe et peut-être a-t-elle compris ce drôle de langage

    "Mais ze zais pas moi !"

    "Pourtant c'est du chinois ce qu'il a écrit" intervient Aubain.

    "C'est peut-êt'e du chinois, mais z'est pas le mien" se rebiffe Liroli.

    Mademoiselle Agathe se met à rire.

    "Non les enfants, votre nouveau camarade s'appelle Yannis, il vient de vous dire bonjour et il est grec."

    Et tous de s'essayer à reproduire ces nouveaux sons à la grande joie du jeune Yannis qui prend beaucoup de plaisir à reprendre la prononciation. Autant dire que la glace est vite rompue.

    Ensuite, ce sont les questions sur la mythologie qui fusent, il faut dire que Mademoiselle Agathe leur raconte souvent des histoires sur les dieux antiques (en édulcorant un peu quand c'est nécessaire).

    "Est-ce que Zeus il est vraiment barbu ?"

    "Ulysse, il a vraiment crevé l'œil du clycope ?"

    "Pourquoi Achille avait mal au pied ?"

    "Comment il s'appelle celui qui a des ailes au pied ? C'est plus pratique dans le dos"

    Enfin, bref, vous voyez le genre.

    Heureusement pour nos jeunes amis, Yannis parle presque parfaitement français et sous l'œil amusé de Mademoiselle Agathe, il se transforme en professeur.

    Mais son vrai don est ailleurs (vous vous en doutez bien).

    Pour la première journée d'école, Mademoiselle Agathe a décidé que l'après-midi serait consacré aux arts plastiques. Yannis met la main sur le grand baril plein de légos, ses petites mains s'affairent à une vitesse prodigieuse et bientôt d'étranges et merveilleuses constructions commencent à naître. A la fois Parthénon et château médiéval, vaisseau spatial et gratte-ciel, ses créations entraînent ses compagnons de classe dans unhttp://timenewsfeed.files.wordpress.com/2013/01/lego-star-wars-jabbas-palace.jpg?w=250&h=167&crop=1 monde incroyable où l'imagination est reine.

    Au fil du temps, ils pourront d'ailleurs constater que quelque soit le jeu de construction proposé, Yannis est manifestement un architecte dans l'âme.

    Retirons-nous sur la pointe des pieds et laissons nos jeunes élèves savourer le plaisir d'entrer tout éveillé dans le rêve d'un petit garçon.

    Le côté architecte de mon jeune personnage vient bien sûr d'un autre Yannis, enfin plutôt d'un Iannis, Iannis Xenakis.

     


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  • Reprenons notre récit si vous le voulez bien.

    Léonce un peu, beaucoup, ahurie s'aperçoit que Mère Noël est revêtue d'une superbe robe longue, que sa tête est coiffée d'un magnifique tricorne et qu'elle porte un masque de carnaval à la main.

    La pauvre ne sait plus trop où elle en est.

    "Vous êtes superbe Mère Noël !" ne peut-elle que souffler.

    Du coin de l'œil, elle voit le Père Noël hausser les épaules. Aurait-elle dit une bêtise ?

    D'autant que les deux petites pestes, j'ai nommé Anicet et Innocent se mettent à jeter (en toute bonne foi ???) de l'huile sur le feu.

    "C'est vrai vous êtes belle !"

    "Hein Père Noël qu'elle est belle ?"

    Un soupir XXL émane du coin où le Père Noël se tient retranché. Il grommelle quelque chose que personne ne comprend, cela vaut peut-être mieux d'ailleurs.

    Devant ce manque d'enthousiasme, Mère Noël explose.

    "Et voilà, j'ai sacrifié 200 ans de ma vie à ce sale ingrat ! Si j'avais su c'est avec Nicolas que je me serais mariée !"

    "Tu n'aurais pas pu ! D'abord il a fait vœu de célibat et en plus c'est un vieux crouton bien plus âgé que toi et un has-been" tonitrue son époux.

    "N'empêche que c'est un vieux crouton qui a de la classe lui ! Il sait s'habiller lui !"

    "Tu parles ! Avec une robe ? Et plein de fanfreluches ? Et ce truc ridicule sur la tête ! N'importe quoi !"

    "Ah parce que tu crois que le rouge c'est seyant à ton âge et que les bonnets à pompon c'est pas ringard ?"

    Pendant cet échange d'aménités, Léonce, Anicet et Innocent se croient à un match de tennis et regardent alternativement les deux protagonistes s'envoyer des joyeusetés au visage. Léonce n'aurait jamais cru assister un jour à une scène de ménage aussi…, aussi…, aussi…, légendaire disons !

    Elle se décide à intervenir d'une toute petite voix.

    "Et si vous nous expliquiez ce qui ne va pas ?"

    Silence boudeur des deux côtés. Puis Mère Noël finit par prendre la parole.

    "C'est notre anniversaire et il a oublié !"

    "Votre anniversaire de quoi ?"

    "Notre anniversaire, c'est tout !"

    Le Père Noël secoue la tête.

    "Tu vois ma poulette, la mauvaise foi. Elle est incapable de dire de quel anniversaire il s'agit et elle râle parce que je ne m'en souviens plus !"

    "Comment veux-tu que je me souvienne exactement de tous nos anniversaires depuis 200 ans. De toutes façons je suis SURE que c'est un de nos anniversaires demain et tu m'avais promis de m'emmener à Venise. J'en ai marre d'Hawaï !"

    "Mais enfin, on se caille toute l'année, on peut bien aller se réchauffer au moins une fois par an au soleil ! En plus, je ne me souviens pas d'avoir promis quoi que ce soit !"

    "Il fait chaud aussi à Venise ! Et comme par un fait exprès tu as oublié, c'est bien les hommes ça !"

    "Peut-être, mais on ne peut pas faire de surf ! Et c'est bien les bonnes femmes ça, de se souvenir de choses dont personne ne se rappelle !"

    "Du surf à ton âge et avec ton ventre, c'est du grand n'importe quoi ! Et à Venise il y a des gondoles et le carnaval ! Et ce n'est pas de ma faute si tu perds la tête !"

    Léonce tente d'intervenir et de calmer le jeu.

    "Euh, très chère Mère Noëlle, le carnaval s'est terminé pour cette année vous savez. Père Noël, elle a un peu raison vous savez, que deviendrait Noël si vous aviez un accident de surf ? Et si nous essayions plutôt de trouver une solution à votre problème ?"

    Les deux Noël regardent Léonce, se jettent un coup d'œil furtif et opinent du chef une moue encore boudeuse sur les lèvres.

    Je peux vous dire que les négociations ont été particulièrement ardues ! Les assistants de Léonce, Anicet et Innocent n'ayant pas été d'une grande aide (si ce n'est pour mettre la pagaille), la pauvre a terminé sa première journée de vacances sur les genoux et la gorge sèche. Mais un terrain d'entente a été trouvé.

    Il a été décidé que le lendemain serait, faute de mieux, l'APJAGD (Anniversaire du Premier Jour Après la Grande Dispute). Que Mère et Père Noël revêtiraient des vêtements civils normaux, enfin presque, Monsieur tenant au rouge et Madame à la robe longue, qu'ils passeraient ensuite une semaine en amoureux à visiter Venise ("même si ça sent mauvais" comme l'a marmonné Père Noël), qu'ensuite ils profiteraient d'une semaine de détente à Hawaï à siroter de délicieux cocktails (sans alcool, même si les rennes connaissent le chemin, il ne faut pas tenter le diable quand même) au bord de la mer, mais sans planche de surf (nous passerons sous silence le "il ne serait même pas capable de tenir dessus sur la plage"  murmuré par Mère Noël) et que pour finir ils rentreraient sagement à la maison pour mettre au point un calendrier fiable des AANSPO (Anniversaires A Ne Surtout Pas Oublier) permettant d'éviterhttp://ekladata.com/QZA-sFe6_NNeoOwQBC-FR7KyewE.gif tout incident diplomatique ultérieur (encore que !).

    Et après ce marathon épique, Léonce se dit qu'elle ne va pas avoir trop de la totalité des grandes vacances pour se remettre de ses émotions. Anicet et Innocent, quant à eux, ne vont pas se priver de jouer les pipelettes auprès du petit peuple et de se rengorger sur la manière dont ils ont réussi à régler le grave litige qui aurait pu mettre Noël en péril (oui, rien que ça !).


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  • Léonce est apparu pour la première fois chez moi du temps de notre amie Bigornette (ici vous trouverez le récapitulatif de ses participations -à Léonce, pas à Bigornette- la première se trouve tout en bas de la page et date de fin septembre 2009 eh oui déjà,), depuis, il lui arrive régulièrement de s'inviter dans les Chroniques de Bigorbourg. Comme c'est le prénom d'aujourd'hui de la Cour de Récré de Jill Bill, la voilà qui revient faire un petit tour.

    Les grandes vacances viennent de commencer (je sais j'anticipe !) et Léonce dort comme une bienheureuse, pas la peine de se lever de bonne heure, c'est trop bon. Pour le moment, elle rêve. Elle rêve qu'elle est transformée en trampoline et que des petits pieds s'en donnent à cœur joie  (bon ne cherchez pas à savoir comment des pieds peuvent avoir un cœur) sur son estomac pour faire loopings. Cette sensation très désagréable fini par la réveiller et elle peut constater que ce début de cauchemar est dû aux deux terreurs qui squattent chez elle à savoir : Anicet le lutin-génie et Innocent le diablotin sage (enfin sage, c'est façon de parler).

    "Vous n'avez pas bientôt terminé bande d'affreux, je suis en vacances moi, je veux dormir, allez du balai" rouspète Léonce.

    Mais les deux compères continuent à la piétiner (un chat qui essaye de vous faire comprendre que c'est l'heure du casse-croûte vous voyez ? Eh bien c'est un peu ce que subi Léonce).

    "Lève-toi on a, enfin, tu as un problème" trépigne Anicet.

    "Un problème, un problème"chantonne Innocent sur l'air des lampions.

    D'un revers de main peu aimable Léonce envoie balader les deux importuns (ne vous en faites pas ils savent retomber sur leurs pattes, euh, je veux dire sur leurs pieds).

    "Qu'est ce que vous avez encore fait ?" demande Léonce en leur jetant un coup d'œil sévère.

    "Mais rien, ce n'est pas nous. C'est lui" s'offusque Anicet en désignant quelque chose au fond de pièce.

    "Qui lui ?"

    "Lui !" insiste Innocent en montrant le même endroit que son compère.

    "J'en connais deux qui vont avoir des ennuis s'ils m'ont réveillée pour rien !"

    "Désolé ma poulette, je ne voulais pas t'embêter, mais je ne savais pas trop où aller." En entendant cette voix grave, Léonce a un tel sursaut qu'elle manque de se cogner au plafond (oui j'exagère et alors !). Elle se redresse en vitesse et distingue, dans la pénombre de la chambre, une silhouette imposante installée tant bien que mal sur sa chaise de bureau.

    "Qui, qui, qui êtes-vous"bégaie-t-elle "partez ou j'appelle au secours."

    "Ben quoi, ma poulette, tu ne me reconnais pas ? Bon je sais que je suis un peu hors saison, mais quand même !".

    Léonce bondit hors de son lit et se dépêche d'ouvrir ses volets. La lumière et ses yeux par la même occasion tombent sur un grand monsieur à la barbe blanche habillé d'un jean et d'une curieuse chemise hawaïenne qui arbore fièrement des nounours verts sur fond rouge (un must en matière d'habillement vous voudrez bien le reconnaître, même si ça pique un peu les yeux).

    "Père Noël ?!?! Mais que faites-vous là ?"

    Le Père Noël parait bien penaud, il lui sourit timidement et semble se tortiller (vous imaginez vous, un Père Noël en train de se tortiller comme un gamin pris en faute ? Moi j'ai du mal).

    "Je venais voir si tu pouvais me donner un petit coup de main ?"

    "Un coup de main ? Volontiers, mais pourquoi. Ce n'est pas encore le moment de distribuer les cadeaux"

    "Je sais, je sais. Euh, en fait, j'ai un problème avec Mère Noël"

    "Un problème avec Mère Noël ? Quel problème ?"

    "Elle m'a mis à la porte" bégaie le Père Noël dans sa barbe.

    "A la porte ? Mais pourquoi ! Bon vous allez le lâcher le morceau ? Comment avez-vous fait pour fâcher cette adorable dame ?"

    Un bruit curieux, un peu comme une bouteille de Coca qui s'ouvre, retentit et une nouvelle voix intervient dans la discussion.http://i77.servimg.com/u/f77/09/02/08/06/pare_n10.jpg

    "Ah, tu vois que je suis adorable ! Merci de le dire ma chérie, ce grand dépendeur d'andouilles en doute !"

    Le cœur de la pauvre Léonce manque encore un battement. Mais ce n'est pas vrai, ils veulent tous sa peau aujourd'hui ?

    Et moi la vôtre parce que mon histoire est déjà bien longue et qu'il va falloir attendre demain pour savoir pourquoi la Mère et le Père Noël sont fâchés !


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  • Comment résister ? Le nouveau prénom de Jill Bill pour la Cour de Récré ne pouvait qu'être attribué qu'à un cheval, le grand Fernandel me pardonnera.

    Depuis ce matin un son bizarre titille les oreilles de Pernelle, notre petite fermière.

    "Hiii, hhiiiii, hiii"

    Elle se dépêche d'expédier son petit déjeuner pour partir à la recherche du responsable de ces ricanements particulièrement agaçants.

    Le bruit provient de derrière la maison. Pernelle tourne le coin à pas prudent et tombe littéralement nez à nez avec un improbable canasson qui, mais oui, qui semble lui sourire lèvres retroussées sur des dents dignes de touches de piano.

    Surprise, Pernelle recule en catastrophe et se retrouve les fesses par terre.

    L'animal en face d'elle s'ébroue et laisse échapper des "Hiii, hhiiiii, hiii" carrément moqueurs.

    Pernelle, furibarde, se relève, se plante, poings sur les hanches devant le cheval et va pour le remettre vertement à sa place, lorsqu'elle s'aperçoit que, non seulement il n'est plus tout jeune, qu'il n'a que la peau sur les os, mais qu'en plus il a le dos déformé par une bosse fort bizarre, pour tout dire il est plutôt moche, attendrissant, mais moche.

    Il faut aussi reconnaître qu'il a dans l'œil quelque chose de malicieux qui va bien avec son large sourire.

    Sourire communicatif d'ailleurs, car notre amie Pernelle se met à rire également.

    "Oui, tu as raison, je suis bien rembourrée de ce côté-là, je ne risquais pas de me faire mal. Allez viens avec moi, tu as bien besoin d'être étrillé et nourri"

    Sans plus de cérémonie, Pernelle tourne les talons et s'en va du côté des écuries qui abrite une bonne partie de sa ménagerie. Mais tout ce petit monde va faire de la place au nouveau venu.

    Ignace, puisqu'il répond à ce prénom charmant, lui emboîte le pas en continuant ses "Hiii, hhiiiii, hiii" et en la poussant gentiment du bout du nez, il sait qu'il était tombé au bon endroit.

    Et pendant qu'elle l'étrille fermement, Ignace se délecte du fourrage que Pernelle lui a donné et pousse des "Hiii, hhiiiii, hiii" de contentement.

    Chaque fois qu'elle entend ce son, qui l'énervait lorsqu'elle ne savait pas d'où il venait, Pernelle se met à rire aussi. Marguerite, sa grand-mère attirée par le remue-ménage, vient aux nouvelles et elle est, elle aussi, saluée par des "Hiii, hhiiiii, hiii" qui la font rire également.

    Manifestement, ce drôle de cheval, en dépit de son piètre aspect et des durs moments qu'il a dû connaître est un optimiste dans l'âme et son optimisme est communicatif. Cela se vérifie avec tous les habitants qui viennent s'approvisionner à la petite ferme et qui repartent en rigolant après avoir croisé ce drôle d'Ignace.

    Mais, il y a une petite chose que Pernelle ignore pour le moment, Ignace n'a pas atterri à Bigorbourg parhttp://image-photos.linternaute.com/image_photo/550/cheval-qui-rit-1179137165-1335916.jpg hasard. Et quand j'écris atterri, il faut le prendre au pied de la lettre car ce curieux équidé à une autre corde à son arc. Ce don, pour le moment, il le réserve au petit peuple. Ignace cache des ailes de Pégase dans sa bosse*. Et à la nuit tombée, il emmène en promenade dans le ciel les habitants des bois, il leur arrive même, parfois, de croiser Thècle montée sur son fidèle Herbert. 

    * Je fais bien sûr référence au superbe passage du film Naïs où Fernandel raconte que sa grand-mère lui disait que les petits bossus comme lui cachaient des ailes dans leur bosse. 

    Le texte ici : http://fernandel.online.fr/films/nais.htm


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  • Prénom frais éclos du jour pour la Cour de Récré de Jill Bill

    Ce matin à la bibliothèque de Bigorbourg, Achille le bibliothécaire doit faire face à une crise. Berthold, le mini-enlumineur est morose. Il va, il vient, il rouspète (bon d'accord c'est plutôt une habitude chez lui), il tourne en rond (ça en revanche c'est grave parce qu'habituellement il n'arrête pas de s'agiter).

    Achille s'enquière donc du problème.

    "Qu'avez-vous cher Berthold, je vous vois fort marri" (n'oublions pas que Berthold débarque du fin fond du moyen-âge et que son langage est un peu fleuri).

    "Hélas, très cher Sieur Achille, voyez mes couleurs !" lui dit-il en lui désignant le livre sur lequel il est en train de travailler.

    "Oui, et bien ? Votre travail est parfait, comme d'habitude"

    "Sieur Achille, vous mirez mal ! Tout est fade, aucune lumière, c'est laid"

    "Je vous assure Berthold que vos enluminures sont aussi belles que d'habitude"

    Devant cette résistance, le minuscule Berthold se campe devant Achille le géant et déclare de manière péremptoire en articulant bien.

    "Je-vous-dis-que-ces-des-sins-sont-mau-vais-est-ce-clair ?"

    Achille s'empresse de battre en retraite et s'enquiert.

    "En quoi puis-je vous aider pour régler ce problème ?"

    "Il me faut de nouvelles couleurs" réplique Berthold "et je ne manierai plus le pinceau tant que vous ne m'aurez pas fourni du bon matériel" (oui non seulement il est rouspéteur, mais en plus il est de mauvaise foi). Et sans autre forme de procès, il se croise les bras et s'assoit sur un livre, bien décidé à ne plus bouger d'un pouce.

    Achille, aux 400 coups, se dépêche de convoquer tous les artistes de Bigorbourg pour tenter de régler la crise. Wallis, qui donne un coup de frais à l'église, Vencelas, l'âne peintre, Gébétrude, la styliste du petit peuple, accourent avec leurs nuanciers, mais rien ne plait à l'obstiné Berthold. Rien n'est assez lumineux, assez riche pour lui. Bref, c'est l'impasse.

    Qui va bien pouvoir résoudre cet épineux problème ?

    La solution vient de nos deux jeunes amis, Aubain et Liroli, les élèves de Mademoiselle Agathe.

    Ils passent devant la bibliothèque en s'amusant à souffler des bulles de savon. Ils regardent avec délice les belles boules s'élancer dans le ciel en lançant mille arcs-en-ciel et ne peuvent s'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur lorsqu'elles éclatent et s'évanouissent.

    Mais, voilà que l'une de ces bulles se met à rebondir, bien décidée semble-t-il à ne pas voir sa vie abrégée trop vite et la voilà qui entre dans la bibliothèque et se met à glisser sur les couleurs abandonnées par Berthold.

    Du coin de l'œil, Berthold repère la nouvelle venue et se redresse d'un bond, fou de joie.http://www.vert-citrouille.com/wp-content/uploads/2012/04/Bulles-de-savon-2.jpg

    "Voilà, voilà, c'est ça, c'est exactement ça. Les voilà les couleurs riches et lumineuses que je voulais !"

    Et c'est ainsi que Louane*, puisque tel est son nom, devient l'aide coloriste de Berthold et qu'elle mène sa vie de bulle de savon increvable tranquillement installée dans la bibliothèque de Bigorbourg.

    * Après petit tour sur internet, il semblerait que le prénom Louane signifie "richesse et lumière"

     


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