• Un prénom pas trop compliqué aujourd’hui dans la Cour de Récré de Jill Bill.

    Depuis quelques temps, les bigorbourgeois sont à l’affût.

    Une maison est en construction.

    Ils suivent donc les travaux avec intérêt et se posent des questions sur le futur propriétaire.

    Les bâtisseurs sont de vraies fourmis, le chantier avance à une allure incroyable. Mais très franchement, les Bigorbourgeois sont un peu déçus, la maisonnette est toute simple, vraiment trop simple. Ils espéraient quelque chose d’un peu…, d’un peu…, enfin, d’un peu …vous voyez…  !

    Et au lieu de quelque chose d’un peu… un beau matin ils se retrouvent avec une maison bêtement carrée, ridiculement blanche, avec toit banalement rouge, des volets parfaitement insipides et voilà, terminé.

    Bref, ils sont très déçus et trouvent que cet édifice fait tache dans le bourg haut en couleur (encore qu’une tache blanche et propre ce n’est pas banal).

    Et, fin du fin, ils restent bec ouvert lorsqu’un panneau indiquant la destination de la petite maison vient fleurir le portail en bois tout ce qu’il y a de plus basique.

    Cet écriteau indique en lettres noires ennuyeuses comme le reste :

    Chez Xavière – Décoration intérieure et extérieure

    Comme vous voyez le texte lui-même n’est pas très accrocheur.

    Il n’y a plus qu’un espoir pour les bigorbourgeois d’échapper à l’ennui, que Xavière, au moins sorte de l’ordinaire

    Las, voilà qu’un matin, débarque d’une voiture sans le moindre intérêt, une jeune femme beaucoup trop normale. Que dire, elle n’est ni grande, ni petite, ni belle, ni moche, ni brune ni blonde et ses vêtements sont banals à mourir.

    Nos bigorbourgeois, toujours prêts à accueillir avec bienveillance l’excentricité, le merveilleux, l’incroyable, se sentent terriblement floués par tant de platitude.

    Mais, heureusement pour Xavière et ses affaires, ils sont curieux et naturellement courtois.

    Un premier couple de voisins se rend donc chez la jeune femme pour lui souhaiter la bienvenue et s’enquérir de son activité exacte.

    Celle-ci leur ouvre bien volontiers sa porte et les invite à entrer dans un salon, qui est, eh bien un salon !

    Sans qu’ils en prennent vraiment conscience, voilà que c’est elle qui les interroge sur leur maison et sur leurs projets d’aménagement.

    Mis en confiance par la banalité de l’environnement, les voilà qui se lancent. Madame rêve d’un atelier pour bricoler et Monsieur d’une cuisine bien aménagée et agréable à vivre.

    Xavière sourit, se lève et les invite à la suivre.

    Elle les emmène d’abord dans un appentis installé derrière la maison et que personne n’avait vu.

    Et là Madame est éblouie par la multitude d’outils en tous genres, sur leur rangement impeccable. Monsieur hoche la tête, oui ça paraît effectivement très bien, et en voyant l’air extasié de sa femme il comprend qu’elle est conquise.

    Xavière leur propose ensuite de venir visiter sa cuisine. Et là, c’est à Monsieur de rester en arrêt. Non seulement l’aménagement de la cuisine est absolument parfait, l’ergonomie superbement bien pensée, mais en plus les meubles, les murs, les lumières sont chaleureux et l’endroit est accueillant comme une vieille cuisine d’antan. Bref, Monsieur lui aussi est ravi et Madame sent combien il serait agréable de s’asseoir à la table pour déguster l’un des petits plats de Monsieur.

    Xavière leur propose de passer dans son bureau terriblement fonctionnel, elle démarre son ordinateur et l’imprimante sort rapidement des plans et des devis, qu’elle remet avec le sourire à ses voisins stupéfaits.

    Lorsqu’ils s’enquièrent du prix de sa prestation, elle précise « Cadeau, pour vous remercier de votre accueil, mais un peu de publicité me serait très agréable »

    Inutile de dire que l’information fait vite le tour du quartier et du bourg.

    Les bigorbourgeois sont maintenant rassurés, sous leur apparente banalité, Xavière et sa maison caméléonhttp://www.maisondelanature65.com/PAGES/P.INDEX/dessin_maison.jpg reflètent les rêves d’aménagement des uns et des autres mais en leur appliquant le filtre correctif des contraintes architecturales et financières qui font qu’aucune mauvaise surprise n’est à craindre. Pour ce qui est du règlement des prestations je ne peux pas vous en dire plus, je n’ai pas encore eu l’occasion de consulter Xavière.

     

    Bien entendu, vous vous doutez bien que le prénom Xavier signifie « Maison neuve ».


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  • Pour la Cour de récré de Jill Bill, je vous invite à faire la connaissance de Zacharie et de ses amis. 

    Depuis quelques jours la charmante Liroli n'a pas l'air dans son assiette.

    D'habitude si souriante, elle promène dans l'école une petite mine toute chiffonnée et ses yeux sont rouges, comme si elle avait pleuré.

    Son ami Aubain en est attristé et alarmé, ainsi d'ailleurs, qu'Agathe l'institutrice.

    Qu'arrive-t-il à Liroli ?

    Pendant la récréation, Aubain et Agathe s'approchent d'elle et l'interroge tout doucement.

    "Que t'arrive-t-il ma douce"demande Agathe tandis qu'Aubain prend la main de sa jeune amie.

    "Cadeau cassé" notre petite chinoise commence à parler notre langue mais il faut reconnaître que c'est encore un peu télégraphique (d'ailleurs si vous, vous appreniez le chinois, je suis sûre que ça serait drôlement sportif).

    "Oh, tu as reçu un cadeau et il est cassé. C'est ça ? Peux-tu nous dire qui te l'a envoyé et ce que c'est ?"

    "Grand-père là-bas loin ! Porte-bonheur mais chante pas" se met à sangloter Liroli.

    Ses deux amis comprennent que son grand-père qui est resté en Chine lui a envoyé un porte-bonheur, mais depuis quand un porte-bonheur chante-t-il ? Serait-ce une boîte à musique ?

    C'est donc la question que pose Agathe.

    "Ta boîte à musique est cassée ?"

    "Pas boîte à musique,  Zac !"

    "Zac ? C'est quoi un zac ?" demande Aubain.

    Et voilà que Liroli ouvre le petit sac qu'elle transporte en bandoulière et en sort une étrange cage.

    "Lui, Zac, lui pas chanter"

    Agathe et Aubain se penchent sur la boîte et distinguent entre les barreaux, un minuscule insecte noir, c'est un grillon.

    Et Agathe comprend, le grand-père de Liroli lui a envoyé un grillon porte-bonheur, mais la petite bête semble bien déprimée et n'a manifestement pas l'intention de chanter (enfin de striduler, de grésiller ou craqueter, faut bien que je fasse votre éducation).

    Agathe prend Liroli sur ses genoux et tente une explication.

    "Tu sais, c'est normal qu'il n'ait pas envie de chanter le pauvre, il est loin de chez lui et il est en prison. Tu aurais envie de chanter toi, si tu étais dans une cage. Et puis, rappelle-toi quand tu es arrivée chez nous tu étais bien triste aussi".

    "Voui" opine Liroli "Très triste. Quoi faire avec Zac ? Veux pas lui malheureux".

    "Lui rendre sa liberté, tu ne penses pas ?"

    "Voui, mais grand-père pas content !"

    "Je crois que ton grand-père comprendra".

    Alors Liroli descend des genoux d'Agathe, se dirige vers la pelouse, ouvre la cage et laisse sortir son Zac.

    Et (comme nous sommes à Bigorbourg), ni une, ni deux, le doux cri-cri du grillon s'élève dans la cour de récréation. Tous les élèves arrêtent leurs jeux et écoutent ce joli chant.

    "Eh bien, voilà" fait Aubain "il n'est plus muet ton Zac"

    Liroli bat des mains de joie "Voui Zac a rit chante"http://p2.storage.canalblog.com/25/67/191594/39568522.jpg

    PS – Alors je vous explique : Liroli adore jouer à Jacques a dit, mais comme elle a encore quelques problèmes d'élocution, voilà comment ce brave grillon, désormais porte-bonheur de l'école de Bigorbourg est devenu Zacharie. (Mais non ce n'est pas tiré par les cheveux !)

    PS 2 – Pour vous montrer comment mon cerveau fonctionne et surtout comment mes personnages me trouvent, sachez qu'après recherche sur internet j'ai appris qu'un Zacharie (parmi d'autres) avait été rendu provisoirement muet, j'étais donc parti là-dessus quand lundi en rentrant chez moi, j'ai trouvé dans mon entrée un grillon, enfin quelque chose qui y ressemblait. Et voilà, un plus un ont fait deux dans ma tête !


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  • Calypso un prénom qui fait rêver arrive dans la  Cour de Récré de Jill Bill.

    Depuis quelques jours, il se passe quelque chose de bizarre à Bigorbourg (rien d'étonnant vous dites-vous, certes !).

    En effet, l'Olive, la rivière qui traverse le bourg est salée, ce qui, reconnaissez-le, est pour le moins étonnant pour un cours d'eau tout ce qu'il y a de plus terrien.

    Une chose est sûre c'est que les poissons et autres habitants de la rivière commencent à la trouver saumâtre, au propre comme au figuré.

    Remontons à la source voulez-vous pour enquêter.

    Eau Vive, dite Olive, l'ondine qui s'occupe du cours d'eau a une invitée.

    Il s'agit d'une lointaine cousine, nymphe et néréide de son état, la très charmante, mais très affligée Calypso et c'est à cause d'elle que l'eau est salée.

    Dans le monde des créatures mythologiques, sachez-le, le temps n'a guère d'importance et Calypso se désespère encore d'avoir dû laisser partir le viril Ulysse, ordre d'en haut, pas moyen d'aller contre. Et depuis, la pauvrette pleure toutes les larmes de son corps et elles sont salées, ceci expliquant cela.

    Olive a beau faire, pas moyen de consoler l'éplorée et notre belle ondine se fait du souci pour ses protégés qui préfèrent de loin le régime sans sel.

    Ceci étant posé, vous vous doutez bien qu'il est hors de question qu'une histoire se termine mal à Bigorbourg.

    Reprenons donc.

    Calypso, que la sollicitude d'Olive, énerve (vous avez sûrement déjà remarqué que lorsque quelqu'un n'a pas envie d'être réconforté, il préfère se complaire dans son malheur et point barre), s'est trouvé un petit coin à l'écart pour dégouliner en toute tranquillité.

    Mais voilà que vient à passer un démon adolescent que nous avons déjà rencontré, j'ai nommé Belphégor, dit BiGé. Faisant preuve d'un incroyable sursaut d'énergie, notre apprenti inventeur, se promène languissamment le long de l'Olive, lorsqu'il entend les sanglots. Même si c'est un démon sympa, il reste un démon donc attiré par le chagrin, il s'approche donc et découvre la belle Calypso.

    Et comme tout adolescent devant une fille canon, voilà son petit cœur qui fait boum en contemplant la belle demoiselle.

    L'air de rien (comme quoi parfois, les ados peuvent être avisés, mais bon on peut supposer que les ados démons ont un peu plus d'expérience que les ados "normaux"), il vient s'asseoir à côté d'elle, sort une console de jeu de sa poche et commence à pulvériser quelques monstres trop aventureux.

    Les bruits étranges, qui sortent de cette drôle de boite, tirent Calypso de son auto-apitoiement.

    « Qu'est-ce que cet écrin magique et que sont-ce ces clameurs démoniaques ? » interroge-t-elle (oui je sais elle possède un langage très fleuri).

    « Ch'suis en train de flanquer une sacrée rouste à des mecs qui m’enquiquinent »

    « Ch’suis, rouste, mecs, enquiquine ? » demande Calypso, interloquée par ces mots exotiques

    Ah flûte, BiGé se rend compte qu’il va devoir adapter un peu son langage.

    « Oui, je suis en train de combattre des monstres mythologiques ».

    Voilà qui intéresse Calypso, son Ulysse lui a parlé de cyclopes, de sirènes, de géants en tous genres et tous terriblement agressifs.

    BiGé, bon prince, se fait un plaisir de lui montrer comment réduire en bouillie tous les zigs qui passent à portée de bazookas, enfin, les méchants qui se trouvent dans la ligne de mire des arcs ou javelots un peu plus dans la logique de Calypso.

    Et la belle se prend tellement au jeu qu’elle se dit que c’est Zeus, Poséidon et Athéna qu’elle réduit à l’état de pâté pour chats et ça lui fait un bien fou.

    BiGé regarde en souriant sa nouvelle amie qui est en train de pulvériser son propre record et, pour tout voushttp://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/7d/Nereide-su-cavallo-marino.JPG/800px-Nereide-su-cavallo-marino.JPG dire, loin de l’embêter, il en est ravi, d’autant que la charmante Calypso lui lance un sourire ravageur qui le fait virer au pourpre.

    Bon, certes il est encore jeune, mais l’un comme l’autre ont l’éternité devant eux et franchement, Calypso se dit qu’en fin de compte Ulysse ne valait peut-être pas de se « mettre la rate au court-bouillon » comme le dit si joliment son nouveau preux chevalier.


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  • Notre maîtresse mais néanmoins amie Jill Bill nous a trouvé pour la  Cour de Récré de cette semaine le délicat prénom Cébus. Donc en voiture pour une nouvelle aventure bigorbourgeoise.

     

    Ce dimanche matin, les 3 G (NDLR les 3 cloches de l'église de Bigorbourg) sonnent à toute volée pour appeler les ouailles du cher Père Paterne. Mais voilà qu'au lieu de rejoindre sa Pulchérie (NDLR, non on ne lit pas poule chérie, même si c'est bien ce qu'elle est), Igor le coq du clocher atterrit en catastrophe au milieu d'elles, ses plumes de cuivre toutes ébouriffées (si, si, pourquoi ne pourraient-elles pas être ébouriffées d'abord).

    Lorsque les 3 G arrêtent de se secouer, Gudule la cloche en chef s'inquiète de la présence d'Igor. Elle laisse augurer un problème. Et en effet, Igor déclare tout à trac

    "L'église est malade !"

    Si elle pouvait Gudule hausserait les épaules.

    "Arrête de fumer les nuages, a-t-on jamais vu une église tomber malade"

    "Mais si, je vous assure, elle a un gros bouton !"

    "Une église qui fait de l'acné voilà autre chose" s'esclaffent Guduline et Gudulette les sœurs de Gudule.

    "Arrêtez de rigoler, je vous jure que c'est vrai, Landry viens voir".

    Voulant en avoir le cœur net Landry le petit vent emboîte l'aile (logique le coq vole donc on ne peut pas lui emboiter le pas, il faut donc se contenter de l'aile et pas de la cuisse, je sais, je divague) d'Igor et découvre accroché juste sous la chambre des cloches ce qui ressemble effectivement à une grosseur qui, d'ailleurs s'arrondit de plus en plus.

    Il se dépêche d'annoncer la nouvelle et un conseil de guerre est aussitôt mis en place pour régler le problème (oui parce qu'à Bigorbourg on ne passe pas par l'étape commission d'étude, je dis ça, je ne dis rien).

    Il est décidé d'extirper ce vilain bubon. L'équipe mise en place se compose de Marius, l'éclair méridional qui "Peuchère, va lui régler son compte à ce bidule" en pratiquant un peu de chirurgie électrique. La chose sera récupérée par Robine et son équipe composée de Jo Za et Fa, avec le soutien de Landry le vent et Sabine le nuage qui s'occuperont de soutenir les troupes et d'empêcher le bidule de tomber sur la tête d'un bigorbourgeois de passage.

    Et comme il n'est pas question de remettre à demain ce qui peut être fait le jour même, l'opération "acné" est lancée.

    Marius incise la pierre autour de la protubérance et lorsqu'elle commence à se détacher les Justiciers de Bigorbourg (NDLR : Robine, Jo, Za et Fa) se précipitent pour la rattraper, Landry soufflant pour gonfler leurs ailes et leur donner de la force, Sabine se tient prête à rattraper la boule si elle venait à choir.

    L'opération est un succès et l'excroissance est déposée devant les 3 G dans le clocher.

    "Qu'est-ce que c'est que ce truc ?"

    "Vous avez vu, ça continue à grossir !"

    "Ca va exploser vous croyez ?"

    "Faudrait peut-être se mettre à l'abri"

    Bref, tout le monde entoure la chose, mais à distance respectable, lorsqu'un craquement retentit et que le bidule commence à se fendiller. Tous ceux qui le peuvent se cachent, les 3 G ayant quelques problèmes de motricité doivent bien faire face.

    Et brusquement, CRAC, le machin (je commence à manquer de mots !) s'ouvre comme un fruit mûr et il en sort !!!

    "C'est quoi ce truc ?"

    "C'est bizarre !"

    "Eh, mais ça pleure !"

    "Vite que quelqu'un aille chercher Damon" (NDLR : le petit démon qui habite l'église)

    Celui-ci arrive, s'approche de l'œuf, parce qu'il s'agit bien d'un œuf, et contemple la petite créature qui pleure.

    "Mais, c'est un enfant de cathédrale ! Que fait-il ici ?" s'exclame-t-il.

    "Un enfant de cathédrale ? Mais ce n'est pas possible ! Nous ne sommes qu'une modeste église de campagne ! ?" s'étonne Gudule.

    "Mais c'est quoi un enfant de cathédrale" demande Landry.

    "Une gargouille, voyons, tu vois bien !" lui explique Damon.

    Le nouveau-né piaille, lève le nez et jette un regard craintif autour de lui.

    "Oh" s'émeut Sabine "il doit avoir faim le pauvre petit ! Ca mange quoi un enfant de cathédrale ?"

    "De la pierre bien sûr" rétorque Damon.

    En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, la compagnie s'égaille dans la nature pour ramener de quoi manger au petiot.

    Celui-ci apprécie grandement d'être ainsi entouré et se met à rire de plaisir, il se lève et regarde sehttp://chocolatechipcookies.blogs.com/rouenphotos/images/2008/05/26/gargouille2_0508.jpgs parents adoptifs. Ceux-ci en profitent pour l'examiner.

    "C'est normal une gargouille qui ressemble à un singe ?"

    "Pas trop, non, mais il est drôlement trognon ce ouistiti !"

    Et voilà comment la seule et unique gargouille de l'église de Bigorbourg se trouva baptisée du charmant petit nom de Cébus, qui comme tout le monde le sait, est un singe capucin.

    Nul doute que Cébus connaîtra une vie pleine d'intérêt à Bigorbourg, ce sera peut-être une autre histoire.


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  • Et un nouveau prénom fort seyant proposé par Jill Bill pour sa Cour de Récré.

    « Ze veux pas » Philibert, le fils des gardes-chasse Bertille et Fulbert, boude les bras fermement serrés contre la poitrine et pour bien enfoncer le clou, il insiste « Ze veux pas, ze veux pas et ze veux pas ! ». Bref ce petit bonhomme a du caractère. 

    Mais que ne veut-il pas ?

    Il ne veut pas apprendre à nager.

    Bertille essaye de le raisonner.

    « Mais si voyons mon poussin, c'est très agréable de nager, je t'assure »

    « M'en fisse, Pacôme y nage pas lui »

    (Pour mémoire je rappelle que Pacôme est le loup apprivoisé de la famille, protecteur du jeune Philibert.)

    « Je t'assure que Pacôme sait très bien nager, tous les animaux savent nager »

    « Pas les sats ! »

    « Mais si eux aussi, savent, ils zaiment, euh je veux dire ils n'aiment pas c'est tout »

    « Ben Pacôme non plus il aime pas, alors moi zaime pas non plus »

    Bref, du côté de Bertille ça commence à sauffer, pardon, à chauffer (il est contagieux ce petit bout de chou). Comment arriver à convaincre son rejeton qu'il est important d'apprendre à nager.

    Bertille se tourne vers le loup qui assiste, impavide, à la passe d'armes entre mère et fils. Elle lui jette un regard peu aimable et le prend à partie « Tu ne m'aides pas beaucoup toi ! »

    « Grrr » répond Pacôme (je précise que ce n'est pas un grrr menaçant, Pacôme n'a simplement pas beaucoup de vocabulaire tout est grrr pour lui) là il semble qu’il s’agisse d’un grrr de soutien aux difficultés maternelles, parce que le grand loup s’approche à pas de lui (à pas de loup quoi, oui j’ai honte) de son jeune deux pattes, le saisit délicatement par le T-shirt (pour les besoins de mon histoire, merci d’imaginer que vous êtes en plein été et qu’il fait chaud, OK ?) et l’entraîne vers la forêt.

    Bertille commence par soupirer, et hop encore un T-shirt qui va être bousillé par les crocs de Pacôme, puis intriguée, elle  emboîte le pas au duo. Quel peut bien être le but du loup ?

    Le trio finit par arriver à la rivière.

    « Grrr » Pacôme pousse son jeune ami du bout du museau, à cet endroit l’Olive (c’est le nom de la rivière) n’est pas très profonde, il est donc assez facile de décrypter la signification de ce Grrr. D’ailleurs Philibert ne s’y trompe pas. Il se laisse tomber par terre, recroise les bras et lance à nouveau « Ze veux pas, ze veux pas et ze veux pas ! ». On ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir de suite dans les idées.

    Pacôme lève alors le nez et pousse un bref hurlement. Presque aussitôt un Plouf retentit et un corps brun se met à onduler dans l’eau.

    Philibert, curieux, se lève, se penche et re-plouf, il tombe à l’eau.

    « Grrr » cette fois le grrr de Pacôme ressemble fortement à un rire, il se dépêche de s’interposer entre la rivière et Bertille qui se prépare à voler au secours de son fiston.

    « Mais » commence-t-elle.

    « Grrr » répond-il

    « Ah, vraiment ! Bon je te fais confiance» (quand je vous dis que le grrr de Pacôme est très parlant).

    Philibert qui vient d’émerger se met à hululer « Ze vous ai dis que ze veux pas, ze veux pas et ze veux pas ! ».

    Brusquement, il se tait et regarde d’un œil suspicieux la chose brune qui s’approche de lui.

    Un sifflement perçant retentit.

    Une adorable loutre pointe le bout de son nez hors de l’eau, elle se met à tourner à toute vitesse autour de Philibert qui oublie sa colère et essaye de la suivre. Il a tôt fait de s’apercevoir que la petite bête est bien trop rapide pour lui.

    « Grrr » lance Pacôme et la loutre se rapproche de Philibert, elle se glisse sous son bras et l’entraîne. Le jeune garçon se met à battre des pieds et bientôt il s’exclame.

    « Maman, maman, ze nage, ze nage, c’est zouette ! »

    Bertille rit de bon cœur, remercie chaudement Pacôme et lui promet un bon steak pour son dîner.

    Quant à la loutre qui vous vous en doutez s’appelle Radegonde*, elle siffle de bonheur en jouant avec ce drôle de petit d’homme et le raffut qu’ils font attire un certain Otto, agent immobilier et loutre mâle de surcroît qui regarde avec beaucoup d’intérêt cette adorable nouvelle venue.

     

    *Sainte Radegonde est souvent invoquée pour faire baisser la fièvre et pour préserver de la noyade.

    Et pour avoir une idée de la façon de parler de Radegonde, un petit clic ici et accrochez-vous !

     


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