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Blaise
Et on continue avec les prénoms de Bigornette. Bon aujourd'hui c'est un peu long, mais c'est ça avec les légendes !
A notre époque on dit "A l'aise Blaise" ! Mais le Blaise dont je vais vous parler aujourd'hui était non seulement maladroit, mais aussi malagauche. Autrement dit, il ne pouvait rien toucher, rien approcher sans provoquer une catastrophe et cela depuis sa naissance où il réussit à donner un coup de tête à la sage-femme qui l'extrayait du ventre maternel.
Bref, à l'époque notre petit bourg (ah oui j'oubliais de préciser que cette histoire se passe il y a fort longtemps) s'appelait encore Saint Machin-Chouette et notre ami Blaise y traînait sa grande carcasse qui semblait avoir trop de mains et trop de pieds tant il arrivait à en faire n'importe quoi.
Un jour, après un énième catastrophe, il décida de faire un pèlerinage pour être délivré de sa maladresse. Allez savoir pourquoi il choisit Saint Jacques de Compostelle, il ne me semble pas que ce brave Saint Jacques soit spécialisé dans la maladresse, mais bon, comme on dit l'important c'est de participer.
Donc un beau matin Blaise partit sur les chemins avec son fidèle compagnon et le seul à ne jamais se moquer de lui, Dimitri l'âne. Je sais Dimitri est un drôle de prénom pour un âne, mais il faut dire que Dimitri était aussi un drôle d'âne. Malin comme un singe, ce qui aidait bien l'ami Blaise qui tout préoccupé d'essayer de dompter mains et pieds avait parfois (très souvent en fait) la tête dans les nuages.
Blaise était en plus doté d'un sens de l'orientation très, comme dire, aléatoire ? C'est bien simple il arrivait encore à se perdre dans le minuscule village dans lequel il était né, c'est vous dire. Inutile de vous dire que les villageois l'avaient déjà passé par pertes et profits, sûrs qu'ils étaient de ne jamais le revoir. Mais bon, au moins le village pourrait de remettre des destructions massives de l'ami Blaise.
Voilà donc nos deux compagnons sur la route. Bien je vous rappelle que pour atteindre Saint Jacques de Compostelle il faut marcher sud, sud-ouest et passer quelques montagnes.
Blaise avait une assez vague idée de la direction du Sud, une histoire avec le soleil lui semblait-il se souvenir, mais reconnaissons le il comptait surtout sur Dimitri.
Bref, autant passer sur un certain nombre de mésaventures, j'en remplirais un livre entier, mais grâce à Dimitri, Blaise trouva à se nourrir régulièrement, à éviter les brigands qui foisonnaient dans les parages et à ne pas tomber dans tous les trous que la nature, facétieuse, s'amusait à creuser sous ses pas.
Et un jour, ils arrivèrent à la mer. Bon, il semblait bien à Blaise que Saint Jacques était symbolisé par un coquillage donc, s'ils arrivaient à la mer ce devait être Saint Jacques de Compostelle, même s'il n'avait pas souvenance d'avoir franchi des montagnes, mais quant on surveille constamment ses pieds, on a pas trop le temps d'admirer le paysage !
Dimitri l'âne le regardait du coin de l'œil satisfait que son jeune maître soit content de voir la mer, même s'il savait pertinemment lui, qu'ils n'étaient pas bon endroit, mais Dimitri n'avait pas eu envie de trop s'user les sabots, on peut être un âne plein d'amitié mais roublard quand même.
Pendant ce temps, là-haut, ça faisait un moment que Saint-Jacques et Dieu surveillaient du coin de l'œil ces bien étranges pèlerins.
Devant tant de bonne volonté de la part de Blaise, ils décidèrent de faire un geste. Bon bien sûr Blaise ne pouvait prétendre à recevoir la très sainte coquille, mais après tout son effort méritait quand même un petit cadeau.
Dieu attrapa par le bout de l'aile un ange qui passait par-là et il lui ordonna de trouver un très, mais alors un très, très beau coquillage et de le mettre sur le chemin de Blaise.
Rouspétant parce qu'il n'aimait pas trop se mouiller les plumes, l'ange respira un grand coup et plongeât dans une eau un tantinet fraîche, mais bon les ordres sont les ordres. Il se mit à fouiller au milieu des coquillages qui foisonnaient au fond de l'eau et tout-à-coup il tomba sur LE coquillage.
Il s'agissait d'un énorme bigorneau, et quand je dis énorme, c'est énorme, l'équivalent en taille d'un bon gros pamplemousse, bien heureusement l'occupant l'avait déserté depuis déjà longtemps. Notre ange se saisit donc de cette miraculeuse coquille, qui en plus à force d'être roulée par les flots avait perdu son calcaire et révélait toute la beauté irisée de sa nacre.
Il déposa la coquille sur la grève et attendit patiemment que Blaise découvre ce petit miracle, mais comme d'habitude la tête dans les nuages Blaise passa plusieurs fois à côté sans la voir. En désespoir de cause, l'ange finit par s'insérer avec moult difficultés dans la coquille et s'arrangeât pour que Blaise vienne buter dedans. Celui-ci, enfin redescendit sur terre et resta bouche bée devant la splendeur du coquillage, Dimitri dû le pousser du bout du nez pour qu'il se saisisse du coquillage.
Blaise était heureux il avait trouvé LE coquillage preuve de l'aboutissement de son pèlerinage, bon d'accord il lui semblait que la coquille Saint Jacques était plus plate, mais bon, on n'allait pas chicaner pour si peu.
Il mit le bigorneau dans la musette bien calé pour ne pas qu'il s'abîme et pris le chemin du retour.
Petit problème, l'ange, qui devait s'appeler Blaise aussi probablement, était resté coincé dans la coquille, pas moyen de s'en échapper. Il appela Dieu et Saint-Jacques à la rescousse, mais ceux-ci voyant le bonheur de Blaise, donnèrent une nouvelle mission au bigor-ange, protéger Blaise et les siens.
Et c'est ainsi que, triomphants Blaise et Dimitri rentrèrent chez eux.
Quand les villageois les virent arriver ce fut presque le sauve-qui-peut général, qu'allait-il encore arriver comme catastrophe ?
Blaise, qui brusquement semblait n'avoir plus que les deux pieds et les deux mains réglementaires, tendit fièrement au curé le coquillage miraculeux. Celui-ci préféra ne pas s'appesantir sur la forme étrange de cette coquille Saint Jacques et félicita le pèlerin.
Et le miracle arriva, tous sentir qu'une présence douce et tendre étendait son aile sur le village, les couleurs parurent prendre plus d'éclats, tous les visages se mirent à sourire.
Avec précaution le curé porta le coquillage et son hôte involontaire dans la petite église et le déposa sur l'autel d'où il continua à répandre ses bienfaits sur le village qui de Saint Machin-Chouette devint Bigorbourg.
Quant à Blaise enfin redescendu sur terre mais toujours avec une tendre âme d'enfant il trouva une charmante épouse qui lui donna quelques enfants, Dimitri de son côté épousa une délicieuse ânesse et ils s'arrangèrent pour faire autant de petits ânons que Blaise eu d'enfants, eh oui certaines familles ont des chiens ou des chats pour animaux de compagnie, Blaise et les siens eurent des ânes et vous vous doutez bien que si j'écris cela c'est que j'ai une idée derrière la tête.
Bien laissons notre petit bourg se remettre de ses émotions. Et à bientôt.
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Commentaires
1Martine27Mercredi 7 Octobre 2009 à 08:09Répondreah quelle belle histoire...toujours très bein écrite avec une pointe d'humour...et etllement de tendresse...je suis fan!!!!Tes prénoms choisissent ce qu'ils veulent devenir je n'y suis pour rien. Je crois que ce coquillage est un peu magique. Il va falloir que je fasse attention de ne pas m'emmêler les pinceaux avec mes personnages. Garde ta coquille, pas d'attentat à la pudeur voyons !
toujours autant d'imagination à ce que je lis !!
tu dois en user des feuilles de papier !!
bonne suite à ces aventures !!
bisous Lady Marianne
Mignonne comme tout cette histoire de Blaise, Dimitri son âne et le Bigorneau !
Bisou du jeudi
Béa kimcatUn très grand merci j'ai enfin compris d'où vient la Bannière de Bigor.
Bonne fin de semaine
Je viens de constater que les jongleries avec les mots n'avaient pas de secret pour toi. Madame Blaise ne s'attendait certainement pas à voir sa bigornelle se transformer en bannière ! Merci de ton passage, je sens qu'on va bien s'amuser avec cet arbre à mots
Là, j'ai la réponse à la question que je viens de te poser...
Et c'est encore plus génial !!! et du coup, je passe commande : ENCORE ! ENCORE ! ENCORE !
merci pour ce joli voyage Martine,
loli
28PATSYVendredi 24 Janvier 2014 à 11:43
J'aime particulièrement les ânes et je suis heureuse de la place que tu accordes à ce cher Dimitri. vivement la suite.. (On devrait dire "bête comme un humain", ce serait plus logique !!!)
Bonne journée, bises et crontch à Thalis
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