• Que voit-on dans un tableau ?

    Depuis que j'ai découvert les huiles de Joëlle, je me plonge avec délice dans ses réalisations où j'essaye de découvrir ce qu'elle y cache volontairement (ou pas ). Voilà un texte trouvé dans un roman qui explique exactement ce que je ressens face à ses tableaux. Qu'en pensez-vous ?

    "Qu'est ce que tu en penses, trésor ?"
    Le cartable à peine jeté, la tartine de Nutella en main, il s'absorba quelques instants dans la contemplation de la composition violet-jaune posée sur le chevalet : une tache floue, aux contours indéfinis et légers, caractéristique du style de Caroline Moreau (franchement bizarre aux yeux de son fils). Après hésitation, parce qu'il ne voulait pas la vexer et pressentait confusément que sa réaction paraîtrait ambiguë, il répondit par une question qui lui brûlait les lèvres depuis plusieurs mois déjà :

    "Pourquoi tu ne peins pas des chats, ou des poissons, ou des gens... Comme tout le monde ?"
    Caroline, qui se tenait à côté du tableau, se déplaça un peu pour mieux regarder son oeuvre, et sourit, avec ce petit air que lui connaissait son fils, elle semblait dans la pièce, et en même temps, ailleurs, détentrice de secrets connus d'elle seule.

    "Mais c'est exactement ce que je peins" répondit-elle rêveusement "Des chats, ou des poissons, ou des gens. Simplement c'est comme les nuages : tu vois ce que tu veux voir ...

    C'est comme les nuages : tu vois ce que tu veux voir ...
    Cette phrase frappa Bastien. Il fixa longuement le tableau et, soudain, discerna un arbre caché dans la tace. Une balançoire devait y être suspendue. Ou un pneu.. Elle avait l'air d'attendre un entant.

    "Tu devines quelque chose ?" lui demanda sa mère.
    Il tourna vers elle un visage radieux.
    "Oui, je vois... il y a..."
    "Chut. Il ne faut pas me dire. Cela n'appartient qu'à toi".
    Et elle sortit de la cuisine, le laissant émerveillé par cette vérité magique : dans chacune des toiles de sa mère, il s'en glissait une autre, celle que l'on créait soi-même en la regardant.

    Extrait du roman de Laurent Botti - Un jour, des choses terribles (dont je vous parlerai ultérieurement)


  • Commentaires

    1
    Samedi 17 Mai 2008 à 23:43
    Guthin
    Coucou ma Tite Lutine je viens d'aller jeter un oeil chez joëlle j'aime bien je vais y retourner demain por ce soir le lutin est un peu fafa .
    Te souhaite une très bonne nuit pleine de rêves magiques.
    gros bisous
    Le lutin gourmand.....
    2
    Dimanche 18 Mai 2008 à 06:43
    M@rtine's Orchids
    Je viens de faire deux jolies découvertes, grâce à toi : les oeuvres de Joëlle et ce roman dont l'extrait donne vraiment envie d'en lire plus.

    Les deux collent bien ! Et je me suis sentie comme Bastien ce matin... Bon dimanche Martine !
    3
    Dimanche 18 Mai 2008 à 10:09
    je te comprends...j'aime beaucoup ce que fait Joelle. Merci pour avoir partagé ton engouement.
    le texte de ton article correspond bien après avoir rêvé devant certaines toiles de Joelle...
    je crois que c'est cela être un artiste ... donner à voir sa propre vision et laisser le spectateur voir la sienne....
    Moi qui n'aime peindre que des portraits , je voudrai y mettre l'insaisisssable ...et c'est pas gagné hihi!
    Bon dimanche
    4
    Dimanche 18 Mai 2008 à 10:19
    Martine
    Fatigué à cette heure là c'est pas étonnant ! Il y a plein de rêves dans les tableaux de Joëlle, ça devrait plaire aux lutins. Bisous du dimanche
    5
    Dimanche 18 Mai 2008 à 10:24
    Martine
    Je suis contente de t'avoir fait découvrir Joëlle, j'aime beaucoup ce qu'elle fait. Ce serait d'être toujours un peu Bastien devant ce genre de tableaux. Il faudra que je mette le résumé de ce roman dimanche prochain.
    6
    Dimanche 18 Mai 2008 à 10:26
    Martine
    Il est donc passé en phase "Bastien". Quand j'ai lu ce passage du roman, il a tout de suite fait "tilt" avec tes toiles, c'est tout à fait ça, le tableau dans le tableau
    7
    Dimanche 18 Mai 2008 à 10:29
    Martine
    En fait avec les toiles de Joëlle, je me revoies un peu enfant regardant la peinture du plafond de ma chambre chez ma grand-mère, une vieille peinture avec des craquelures et plein de choses à deviner dedans. C'est sûr que pour les portraits c'est moins facile
    8
    Dimanche 18 Mai 2008 à 18:03
    Béjar
    J'aime bien ce texte. Il est tellement vrai. Et c'est vrai que les toiles de Joelles sont reposante même si je n'y connais rien.  Bon dimanche Martine.. Yvette
    9
    Dimanche 18 Mai 2008 à 18:12
    Martine
    Pas besoin de connaître, il suffit de se laisser porter par l'imagination
    10
    Dimanche 18 Mai 2008 à 20:30
    Je ne connais pas ce roman, mais je ressens comme le narrateur, et comme toi. Dans les toiles, ce sont nos mondes qui se superposent. Et comme Joëlle sait user de la couleur avec tant de talent, je suis chaque fois en arrêt, le nez sur l'écran et je me laisse guider.
    Merci pour Laurent Botti, mais quel est le titre du roman? (un jour, des choses terribles?)
    11
    Lundi 19 Mai 2008 à 07:45
    Martine
    C'est tout à fait ce que je ressens aussi, c'est pour cela que ce passage m'a paru très bien adapté aux toiles de Joëlle (le titre est bien, un jour des choses terribles)
    12
    Joëlle
    Vendredi 24 Janvier 2014 à 12:02
    Super ton texte tu l'as bien trouvé Martine, et aussi merci infiniment de ta fidélité ;-)))
    J'ai souri sur le passage "Pourquoi tu ne peins pas des chats, ou des poissons, ou des gens... comme tout le monde ?"...  je retrouve de mon gamin lorsque je travaille sur la toile avec mes  couteaux, je l'entends encore me dire "c'est beau mais c'est quoi ???" 
    Il demande moins maintenant, il regaaaarde... et puis il me raconte parfois (c'est intéressant de voir ce qui a éveillé son imagination) mais si le tableau ne lui plait pas il le dit aussi ;-)
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