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Sans queue ni tête
Pour les mots et les histoires d’Olivia, voilà une histoire sans queue ni tête.
Soit vous prenez tous les mots, à savoir
Tourbillon – baïne – valse – dégringoler – étage – vertige – enivrer – alcool – poème – rime – raison
Soit vous en sélectionnez au minimum cinq et vous ajoutez la consigne suivante : il doit y figurer une conversation téléphonique. Tant qu’à faire j’ai opté pour les deux solutions
J'étais tranquillement en train de faire mes mots croisés et je butais sur une définition bizarre "Bassin apparemment inoffensif à noyade éventuelle" lorsque le téléphone sonna. Tant mieux, un peu de diversion me permettrait peut-être d'arrêter de me torturer les méninges. Je décrochai donc.
"Bonjour !"
"Bonjour !"
Ah ! Qui pouvait bien être à l'autre bout du fil, je ne reconnaissais pas la voix, en même temps, avec un seul mot, ce n'était pas du gagnant-gagnant.
"Bonjour, qui est à l'appareil ?"
"C'est moi !"
Et zut, j'étais tombée sur celui-qui-ne-doute-pas-un-seul-instant-d'être-reconnu-rien-qu'à-sa-voix-suave.
"Mais encore ?"
"Moi !"
Bon, je n'étais pas arrivée là, comme dirait l'autre : Laisse aller c'est une valse.
"…"
"Mais enfin, emportés par le grand tourbillon de la vie, nous avons dansé sur la valse à mille temps !"
Un dingue, voilà c'était un dingue. Bon après tout, autant s'amuser un peu.
"La valse à mille temps ? Pas plutôt la valse brune ?"
"Ah ? Vous êtes sûre ? Il faut dire qu'à ce moment là, entre vos bras c'était vertige de l'amour !"
Gloups, que répondre à ça, je n'allais pas appeler Alfred à l'aide et déclamer "Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices - Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices." Je répliquai donc platement :
"Vertige ou ivresse ?"
"Ivresse, oui j'étais perdu dans le vert absinthe de vos yeux ! Ah comme l'alcool de vos prunelles est puissant"
Ouille, ce type était un vrai poème sur patte ! Ne m'appelant pas Marie-Christine et n'ayant d'ailleurs pas les yeux verts, je n'allais pas non plus paraphraser Claude et lui susurrer "Tu es sous mon balcon".
"Certes mon cher, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !"
"Je reconnais bien là votre grand bon sens, un verre ça va, deux verres bonjour les dégâts !"
Avait-il l'eau et le gaz à tous les étages mon bizarre interlocuteur ? Il fallait remonter un peu le niveau, je frappai donc un grand coup.
"J'appelle raisonnable celui qui accorde sa raison particulière avec la raison universelle, de manière à n'être jamais trop surpris de ce qui arrive et à s'y accommoder tant bien que mal." Et vlan, merci Anatole, même si je ne comprends pas vraiment ce que ça veut dire.
"Absolument et de plus comme le dit si bien Rivarol : Ce qu'une femme appelle avoir raison, c'est n'avoir pas tous les torts".
Damned, refaite, il avait de la répartie le bougre ! Il allait falloir que je me cramponne ferme si je ne voulais pas dégringoler de ma position !
"Bien dit, je dirai même plus, eût-il tort, le maître a toujours raison". Ca c'est Plaute qui l'a dit, comment je le sais ? Aucune idée, probablement entendu dans un jeu télévisé.
"Et ron et ron petit patapon !". Bon alors là pas de doute, pas l'eau, pas le gaz et pas l'électricité non plus.
"Tout à fait, d'ailleurs je suis sûre que vous partagez mon avis : Un chat ne voit pas quelle raison il aurait d'obéir à un autre animal, fût-il sur deux pattes". Ca c'est piqué à S. Thomson et pris dans mon petit livre "citations sur nos pattes de velours". Ah, ah, alors il allait me répondre quoi l’allumé ? Pas facile à contrer l'argument félin !
"Je crois ma très chère amie que notre conversation n'a plus ni rime, ni raison. Bah, il est temps de nous quitter".
Et vlan, voilà que ce malappris me raccroche au nez !!!
Un brin interloquée, je reprends machinalement son onomatopée, bah, bah, ça me dit quoi ce bah ? Bon dieu, mais c'est bien sûr ! J'attrape vivement mon crayon et ma grille de mots croisés et j'écris triomphalement "Baïne" !
Tags : écriture, humour, délire
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Commentaires
Très amusant ton texte, très loufoque, en effet avec ces réparties sous forme de citations. Bravo
@ Croc et Jacou : Je me suis un peu creusé la tête pour les titres des chansons et pour les citations, merci internet !
@ Marenostrum : Comme tu dis, pour la baïne ce n'était pas gagné, heureusement que les garde-côtes ont inventé cette définition
@ Nathie : Je me suis aussi bien amusée avec ce dialogue bizarre
Merci, sans aller jusque là, il m'est arrivé d'avoir des gens bizarres au bout du fil et en prime qui ne me croyaient pas lorsque je disais que c'était un faux numéro !
Bonne idée de placer Baïne avec les mots croisés :-)
J'ai adoré reconnaître les titres de chansons et maintenant je fredonne "vertige de l'amour :-)
Bon dimanche :-)Merci surtout wikipédia qui m'a proposé cette définition des maitres nageurs sauveteurs ! J'espère que ça ne va pas être trop "scie"
10OliviaDimanche 18 Mai 2014 à 11:33Hahaha ! C'est bien trouvé que ce dialogue !
J'ai aussi eu affaire à des énergumènes qui n'en démordaient pas "si, tata X est là ?" bah nan, mais fichez-moi la paix !
11Asphodèle85Dimanche 18 Mai 2014 à 13:43Une excellente idée que ces titres de chansons dans les répliques ! Je ne pensais pas que ma "baïne" serait si dure à caser mais tu as trouvé et la chute est parfaite ! ;)
@ Olivia : J'ai eu aussi un type qui m'a quasiment insultée parce que je n'étais celle qu'il voulait avoir au téléphone !!!
@ Asphodèle : En bonne chti pour moi la baïne est en réalité une bâche, mais pas plus facile à caser ceci dit
Bien joué pour placer ce mot ! Ici les baïnes sont un vrai danger et font des morts chaque année. Bisous
Il n'était effectivement pas des plus faciles à caser et dans le Nord il y a l'équivalent (moins dangereux je pense) et qui répond au nom de bâche, c'est moins joli
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Eh ben dis donc, un vrai dictionnnaire de citations, ton billet ! Et réjouissant à lire. Bises