• Suite à une proposition de Défi du Samedi, je vous mets mon texte et ensuite seulement le thème du-dit défi, à vous de voir si vous le trouvez.


    Partie ce jour là pour une longue promenade, la jeune fille avait croisé, au détour d'une route, son regard noir et insondable.

    Elle était restée un instant pétrifiée, perdue dans ce lac sombre. Puis secouant, la tête elle avait réussi à repartir, mais la balade était gâchée. Bien malgré elle, sans cesse ces yeux venaient s'imposer à elle.

    Pendant plusieurs jours elle n'arrêta pas de penser au regard de cet homme étrange. Allait-elle oser retourner se promener là où elle l'avait croisé ?

    Pas question, il fallait oublier.

    Mais plus facile à dire qu'à faire, sans cesse le regard hypnotique apparaissait devant elle aux moments les plus divers.

    Un lundi, elle ne vint pas au travail. Ses collègues ne s'inquiétèrent pas trop le premier jour, mais le second ils tentèrent de la joindre au téléphone. Pas de réponse. Le troisième, ils réussirent à contacter ses parents et ils apprirent la terrible nouvelle.

    La jeune fille avait disparu pendant le week-end, laissant derrière elle son appartement ouvert. Rien ne semblait avoir été volé et il n'y avait pas trace de lutte. L'inquiétude de ses proches était à son comble et en dépit des efforts de la police, on ne retrouva pas traces d'elle.

    Pas plus, d'ailleurs que celles d'autres personnes, jeunes, âgées, hommes ou femmes qui disparurent tout aussi mystérieusement dans les mois qui suivirent.

    Pendant ce temps, la jeune femme s'était éveillée dans un espace noir et clos. A tâtons, elle voulu faire le tour de sa cellule. A peine un pas, elle ne pouvait que se tenir debout, sans pouvoir bouger.

    Elle hurla, appela au secours, insulta celui qui la tenait enfermée. Mais rien. Pas un bruit, si ce n'est parfois le léger murmure d'une voiture qui passait non loin.

    Elle n'avait plus aucune notion du temps, elle ne ressentait aucune envie, ni faim, ni soif, ni besoins naturels. Rien, si ce n'est parfois l'oubli provisoire dans un sommeil agité.

    Puis, il lui sembla percevoir les cris et les pleurs d'autres personnes. Elle cria à son tour, mais la communication fut impossible.

    Quelques temps passèrent encore et en se réveillant d'un de ses sommes pesants, elle perçu un changement dans son environnement. Devant elle, ce n'était plus de la pierre qu'elle sentait, mais une surface polie comme du verre. Un léger reflet de lumière arrivait jusqu'à sa geôle.

    Et toujours, en fond sonore, le bruit des voitures, les cris et les pleurs.

    Il y avait bien longtemps qu'elle ne cherchait plus à comprendre où elle était et qu'elle avait abandonné tout espoir de fuir, quand une lumière diffuse éclaira la cellule qui l'emprisonnait.

    En face d'elle, elle distingua un homme, une autre femme et un enfant qui, comme elle, se tenaient debout et raides dans leur propre "boite". Leurs yeux hagards la détaillèrent.

    Brusquement, dans le couloir qui les séparait passa une ombre, une ombre avec des grands yeux noirs immenses, des yeux qui les dévoraient plein de plaisir, admirant les visages, les corps de ses acquisitions.

    Des yeux qui les caressaient, leur disait tout l'amour qu'ils portaient à sa magnifique collection. Et dans les yeux des prisonniers la dernière lueur d'espoir s'évanouit.

    Tous se rappelèrent cet étrange tag qui, sur le bord de la route, les avait attirés, fascinés.

    Ils comprenaient maintenant que cet être quel qu'il soit, les avaient pris dans sa toile comme une monstrueuse araignée et que jamais plus ils ne connaîtraient la liberté, sauf peut-être si le mur qui l'accueillait venait à être détruit !


    Le thème était donc Collection. Et voici la photo qui est venue tout naturellement compléter ce texte. Elle a été prise lors d'une de mes promenades, je peux vous dire que ça fait drôle de se retrouver face à une image de ce style aussi grande que vous)

    collectionneur


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  • Je fais partie d'un atelier d'écriture et nous nous réunissons avec plaisir tous les quinze jours. Je viens de faire des photos qui devraient aller plutôt bien avec mon petit texte. Dans le cas de ce défi, il s'agissait de poursuivre l'histoire annoncée par la première phrase.

    Un petit garçon accompagné d’une chouette errait dans le sous-bois.

    Depuis le matin, il multipliait les ruses pour échapper à son poursuivant. Que lui voulait cet homme ? Il n’en savait rien.

    A bien des reprises il pensa être pris, mais miraculeusement à chaque fois, il réussissait à éviter les mains telles des serres que l’homme tendaient pour le saisir.

    Il savait que si celui-ci le touchait, il en mourrait.

    Comment le savait-il ? Il aurait été bien en peine de l’expliquer !

    Alors il courait, les branches fouettaient son visage, les ronces s’accrochaient à ses jambes, le vent entravait ses mouvements.

    Lorsque le soleil se coucha, il tentait toujours de fuir, entendant derrière lui les pas lourds de l’homme écraser les branchages.

    Au moment où la lune apparut, une chouette le fit sursauter en se mettant à voler derrière lui.

    Elle paraissait l’encourager à la suivre. N’ayant plus rien à perdre, l’enfant s’engageât à la suite de l’oiseau.

    Brusquement, au cœur du sous-bois, une clairière s’ouvrit devant eux.

    cimetiere1

    La pâle lueur de la lune éclaira un cimetière aux tombes de vieilles pierres rongées par les ans, aux croix de bois bancales, aux anges aux ailes brisées. Un Christ étrange veillait sur ce lieu désolé.

    Christ

    L’homme éclata de rire.

    L’enfant affolé chercha à se cacher derrière un mausolée. La chouette l’aurait-elle trahie ? Etait-elle à la solde de son bourreau ?

    L’oiseau se posa sur une stèle et se mit à parler.

    « Chéri, réveille-toi ! Qu’as-tu à crier ainsi, tu fais un cauchemar ? »

    L’enfant haletant leva les yeux vers sa mère, serrant contre son cœur une chouette en peluche tandis que glissait sur le sol un recueil des contes de Grimm.


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  • Voilà le programme du Défi du Samedi "Menez-nous vers un cimetière dont vous détenez la clef qui en ouvre la grille, ou vers celui dont la carte d’accès déforme votre poche, voire vers un autre de légende : celui des amours mortes, des illusions, des éléphants, des ambitions... un autre... d’autres... Offrez-nous une balade, un séjour, une quête couronnée ou non de succès... »

    Contrainte : Sur une des pierres tombales ou dans les plis d'un rêve, relevez une épitaphe que vous aimeriez voir gravée sur votre propre emplacement, donnez-la au moment que vous jugerez opportun.

    Voilà mon petit coin à moi.


    Ca fait un petit moment que je marche au hasard.

    Je me suis engagée dans un sentier que je ne connaissais pas encore.

    Tout au bout, une grille me barre le passage. Aucune importance, je ne sais pas d’où elle sort mais j’ai dans la poche la clé qui l’ouvre.

    Clic-clac ! Me voici dans la place.

    Je m’avance dans une allée ombragée.

    Autour de moi, des bouteilles, de grandes bouteilles opaques.

    Je m’approche pour regarder de plus près ces étranges récipients.

    Pas de doute, ils sont en marbre.

    Des bouteilles géantes en marbre de toutes les couleurs et de toutes les formes !

    Cela demande des explications, pas de doute.

    Je m’approche donc de la première et la détaille de plus près.

    Gravées en lettres d’or s’inscrivent les lettres « Et si j’avais dit la vérité – 1963 ».

    Etrange !

    Plus loin, une autre bouteille propose « Et si j’avais accepté cette proposition – 1977 ».

    Et encore une nouvelle « Et si j’avais dit non – 1985 ».

    « Et si j’avais pris cette route – 1980 » « Et si j’étais monté sur ce vélomoteur – 1975 » « Et si je n’avais pas bu cette eau – 1962 » « Et si je n’avais pas passé ce concours – 2000 »

    De loin en loin, les bouteilles se succèdent. Toutes les inscriptions reprennent ce lancinant « Et si », mais qu’est ce que cela veut dire ?

    Tout à coup, à côté de moi surgit un drôle de bonhomme, lui aussi en forme de bouteille. Il soulève son bouchon, pardon je veux dire son chapeau et me sourit d’un air aimable.

    « Vous êtes un peu perdue semble-t-il ! Puis-je vous aider ? »

    « Avec le plus grand plaisir, quel est cet étrange endroit ? »

    « Mais voyons c’est votre si-metière »

    « Pardon ? Mon cimetière ? »

    « Mais oui ma chère, votre si-metière, celui dans lequel sont ensevelies toutes les personnes que vous auriez pu être si au lieu de dire « Et si » vous aviez dit « J’y vais ». Chacun de vos choix vous a ouvert une route et en a définitivement fermé une autre. Vous auriez pu être toute autre, vous en rendez-vous compte ? »

    Un peu dépassée je réfléchis, c’est vrai ce que dit ce drôle de bonhomme, tant de choix se sont offerts à moi, ai-je toujours fait les bons ? Cela importe-t-il d’ailleurs ?

    Nous continuons à marcher en silence et nous finissons par arriver devant une fosse ouverte, près de laquelle repose une vraie pierre tombale, une épitaphe y est gravée «  J'ai suivi ma route et j’en suis heureuse – 20… »

    Je détourne vite le regard avant de lire cette dernière date.

    Mon accompagnateur m’observe en souriant.

    « Vous avez bien fait de ne pas regarder la date, allez savoir ce qui aurait pu se passer ! »

    A mon tour je lui souris

    « De toute façon je souhaite être in-si-nérée ! »http://membres.lycos.fr/moiccharlene/dossier/%5bd%5d%202D/pierre%20tombale%202.1.JPG

    Il me raccompagne vers la sortie et je me réveille, contente de cette nouvelle journée qui commence et de me sentir tellement vivante.


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  • Défi du Samedi nous demandait de nous défouler sur le tableau de Domenico Zampieri "Dieu réprimandant Adam et Eve". Alors voilà :

    http://latartine.farv.fr/wp-content/uploads/2009/12/Dieu-r%C3%A9primandant-Adam-et-Eve.jpg

    Mademoiselle Eve a décidé de traîner aujourd'hui sa classe dans un musée. On ne peut pas dire que les enfants sont follement enthousiastes, encore que louper les leçons de grammaire et de calcul ne soit pas négligeable. Ils errent dans les allées jusqu'à ce qu'ils tombent sur un tableau qui porte le nom de leur institutrice (pardon professeure des écoles). Eve, c'est écrit en toutes lettres.

    Les élèves jettent quelques regards en coin à Mademoiselle Eve mais comme elle semble ravie qu'ils s'intéressent enfin à quelque chose ils n'hésitent plus à donner leur avis sur le tableau.

    Voilà une erreur qu'elle ne répètera pas, mais la pauvrette débarque et elle est encore pleine d'illusions sur les bambins.

    A ses "Que pensez-vous de ce tableau ?", les réponses se mettent  fuser et la laissent fort déroutée.

    "Euuuuh, t'as vu, y a un ange qui montre du doigt, moi j'ai pas le droit !"

    "C'est un ange ça"

    "Ben oui, il a des ailes"

    "C'est des anges aussi les machins beurk ?"

    "Quels machins beurk ?"

    "Ben les têtes avec des ailes, c'est moche non ? Et pis ça existe pas ! Ca existe les anges ?"

    "A ton avis, il est où le reste de leur corps ?"

    "Et comment ils font pour faire pipi et caca ?"

    "Et les anges par où ils passent leurs ailes, tu crois qu'il y a des trous dans leurs sacs à patates ?"

    "Mon papa en voiture, c'est pas le doigt du monsieur qu'il montre, c'est celui du milieu !"

    "Et pis t'as vu y a des gamins avec lui, y en a même des tout nus et c'est que des garçons ! Pourquoi y a pas de filles d'abord ?"

    "Ouais, j'ai vu, c'est sûrement ce que mes parents appellent un péquelquechose, paraît que c'est mal ce qu'ils font"

    "Ils font quoi les péquelquechose ?"

    "Ben il y en a qui n'aiment que les enfants, d'autres qui n'aiment que les garçons et même certains les deux en même temps ! Mais c'est pas les mêmes pé"

    "Ah et c'est pas bien ?"

    "Chais pas, mes parents ont pas voulu me dire, mais il paraît qu'il y a des péquelquechose pas gênants et d'autres, les pébidules on va dire vraiment beurk, va savoir !"

    "C'est marrant le hamac volant dans lequel ils sont, comment ça peut voler ce truc là ?"

    "C'est sûrement en rapport avec la grativité !"

    "C'est quoi ça la grativité ?"

    "Sais pas trop, c'est une histoire de pomme je crois"

    "Je me demande bien pourquoi il est fâché, comment y mettent sous le tableau, à oui Dieu, et c'est quoi réprimandant ?"

    "Tu sais les grands des fois c'est fâché tu sais même pas pourquoi et puis à voir sa tête c'est sûrement un mot cochon réprimandant ! En tout cas ça plait pas au lion et le cheval il se marre !"

    "Eh, t'as vu la tronche à Adam !"

    "Et son slip de bain il est drôlement moche, je suis sûr qu'à la piscine ils en voudraient pas"

    "Pourquoi il montre la dame ?"

    "A mon avis, c'est un cafteur, y a qu'à voir sa tête ! Il doit dire au barbu que tout il est de sa faute à la dame !"

    "Qu'est ce qu'elle a fait comme bêtise à ton avis pour qu'il soit pas content Dieu ?"

    "Chais pas, elle montre le serpent, peut-être qu'elle a voulu lui faire un câlin et que ça a pas plu à Dieu"

    "Et alors, c'est sympa les serpents, j'en ai vu au cirque qui jouaient avec une dame"

    "Ca mord paraît"

    "Seulement si tu l'embêtes sûrement, mais je trouve que c'est super beau"

    "Ouais peut-être, en tout cas Dieu il a l'air drôlement en pétard, on dirait Papa quand ma grande sœur elle dit qu'elle sortir avec son copain"

    "C'est du grand n'importe quoi les grands de toute manière !"

    "Moi, je trouve que notre Mademoiselle Eve à nous elle est drôlement plus jolie que celle du tableau"

    "Oui et en plus elle est habillée la nôtre, tu crois qu'elle est comme ça en dessous ?"

    "Sais pas faudrait lui demander !"

    Mademoiselle Eve, ayant viré au violet depuis déjà un bon moment, arrive péniblement à reprendre son souffle, se dit qu'elle va avoir beaucoup, mais alors beaucoup de choses à apprendre à ses jeunes élèves et les pousse vite, vite, vite vers la sortie sous le regard bienveillant et un tantinet goguenard du gardien de la salle qui en a déjà entendu bien d'autres !

     

     


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  • Oyez, oyez bonnes gens !

    Approchez, approchez !

    Voilà mon bac à nœuds !

    Pour trois fois rien vous pouvez faire l'acquisition de nœuds !

    Mais, et c'est là la surprise, vous ne saurez pas ce que vous avez acquis avant de l'utiliser !

    Dans mon bac à nœuds vous trouverez :

    • des nœuds pour courir sur la mer
    • des nœuds coulants pour les jours de déprime
    • des nœuds de cravate pour plaire à Madame
    • des nœuds gordiens à ne pas trancher
    • des nœuds du problème à dénouer
    • des nœuds de marins pour amarrer votre voiture
    • des nœuds de sacs pour embêter les autres
    • des nœuds pour faire la fête
    • des nœuds pour vos couettes demoiselles
    • des nœuds ferroviaires pour ne pas manquer votre train
    • des nœuds pour vos lacets
    • des nœuds pour décorer vos arbres
    • des nœuds du mariage pour ceux qui n'ont pas peur
    • des nœuds de tête pour insulter vos voisins ou si vous préférez des têtes de nœud
    • des nœuds à mordre pour vous défouler
    • des nœuds à la gorge pour l'émotion
    • des nœuds lunaires pour votre avenir
    • des nœuds d'amitié à nouer serrés
    • des nœuds de vipères pour vos ennemis
    • des nœuds pour vos mouchoirs pour ne pas perdre la mémoire

    Allez-y, allez-y prenez le risque, il n'y en aura pas pour tout le monde. Mais attention la maison décline toutes responsabilités et ne rembourse pas vos achats, à vous de tenter votre chance !




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